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qui lui dérobent l’objet de son amour ; le froid qui le saisit lui rappelle que son rosier est encore exposé à l’air, il va pour le rentrer, mais, ô désespoir ! à peine est-il dans l’antichambre qu’il entend un singulier bruit, comme d’un animal qui broute ; il s’empare de la première chose qui lui tombe sous la main, c’était des pincettes ; il veut chasser la bête gloutonne. Hélas ! il était trop tard ; elle venait d’arracher la belle branche aux boutons. À cette vue, il décharge un coup de ses pincettes sur l’animal qui venait de détruire ses espérances, et l’étend à ses pieds. Il appelle sa servante, et lui reproche d’avoir laissé libre un de ses moutons, qui vient de détruire son rosier. — Ce n’est pas un de mes moutons, dit-elle ; l’étable est fermée, et ils y sont tout. Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! que vois-je ! c’est le mouton chéri de mademoiselle Amélie votre voisine, qui est si jolie et si bonne. Pauvre Robin ! que venais-tu faire ici ? Comme elle va être fâchée ! … Il faut voir dans la suite du conte la douleur et la douceur d’Amélie, la crainte et l’embarras de son amant : l’incident qui naît de la mort du mouton avance fort les affaires du professeur de philosophie et amène un dénoûment favorable, que la mort du mouton ne permettait guère d’espérer.

DIX NOUVELLES, pour servir de suite aux Douze Nouvelles, etc. 3 vol. in-12, 1815. — Ces dix nouvelles sont : le Serein de J. J. Rousseau, le Retour de Maurice (imité de Starke) ; le Monastère de Saint-Joseph (trad. de Gœthe) ; Anecdote récente de Calcutta ; Renonciation ; Montfort et Rosenberg ; Anecdote sur la science de physionomie ; Amélie et Joséphine ; le baron Adelstan ; Christian Woldan (imité de Starke). — La plupart de ces nouvelles sont traduites de l’allemand ou tirées des recueils périodiques allemands où elles sont insérées sous le voile de l’anonyme.

SUITE DES NOUVELLES, 8 vol. in-12, 1828-29. — Deux nouvelles de Mme Picheler remplissent une partie de ce recueil, et en sont la plus agréable comme la principale partie. La première, intitulée Cécile de Rodeck, ou les Regrets, est moins romanesque que morale et philosophique. Cécile, pleine de grâces et d’esprit, mais un peu légère, un peu étourdie, repousse les vœux d’un jeune seigneur allemand qui, élevé avec simplicité dans l’antique château de ses nobles aïeux, n’a point le ton élégant et les bonne manières du monde, et lui préfère un jeune homme pourvu de ces qualités brillantes ; mais bientôt elle a lieu de se repentir de son choix. Le comte Ernest, l’amant éconduit, s’éloigne, voyage, se forme, acquiert les grâces qui lui manquaient, et les joint aux vertus. Son rival, au contraire, sous les plus beaux dehors, cache une âme perverse ; sa philosophie égoïste le rend infidèle à tous ses