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Christiane fut reçue au milieu d’une orgie dont lady Buceleugh faisait les honneurs. Cette femme misérable menace son amant d’une rupture, et exige pour rester avec lui une étrange preuve d’amour à laquelle Muranoff se soumet sans murmurer. Elle lui défend l’approche du lit nuptial ; mais comme il faut que Christiane devienne mère pour assurer à Muranoff le riche héritage des Claremond, elle le décide à choisir parmi ses affidés celui qui doit entrer en sa place dans le lit de la nouvelle épouse. Nous n’entreprendrons pas d’expliquer ce qui se passe ensuite. Un homme pénètre dans la chambre de Christiane ; ce n’est ni Muranoff ni son infâme émissaire, ni, Dieu merci ! aucun autre Cosaque. Christiane se livre sans défiance à celui qu’elle croit son époux ; seulement elle s’étonne de la douceur de ces étreintes, et du timide empressement de ce mari, qu’elle avait vu si sauvage et si farouche. Cette nouvelle sensation lui fait presque aimer Muranoff. Mais bientôt l’abandon où elle se trouve et la brutalité avec laquelle le Sarmate la détrompe, lorsqu’elle vient lui avouer ses espérances de jeune mère, lui révèlent l’infamie dont elle a été victime, et pourtant elle se sent presque heureuse de ne devoir plus d’amour à celui qu’elle croyait loyalement son époux. Christiane reste plongée dans de cruelles perplexités, une vague et douce rêverie s’empare de toutes ses idées. Quel est celui dont le souvenir la fait encore palpiter ? Quel est l’homme qui a conçu assez d’amour et d’audace pour arriver jusqu’à elle ? Quel est le père de son enfant ? … elle l’ignore ! C’est Aymar, Aymar qui l’aimait avant son départ de France, Aymar qui l’aime maintenant avec un sentiment de plus, avec toute la tendresse d’un époux, et qui, pour parvenir jusqu’à elle, n’a pas craint de tuer un homme. Elle apprend tout de lui dans une seconde entrevue que la nuit favorise encore, et après les plus doux entretiens, ils conviennent de fuir ensemble. Mais lady Buceleugh, qui s’est éprise d’Aymar avec toute la frénétique passion d’une femme à qui rien ne coûte pour la satisfaire, parvient, à force d’artifices, à jeter dans son âme les plus odieux soupçons sur la vertu de Christiane. Aymar exaspéré, part pour la France sans elle ; il la retrouve cependant plus tard, au moment où on l’emporte mourant des barricades de Saint-Méry. Les tendres soins de Christiane le rendent à la vie, et elle reçoit son nom, car elle est veuve ; lady Buceleugh ayant payé d’un empoisonnement l’amour de Muranoff.

Nous connaissons encore de M. de Latouche : *Mémoires de Mme Manson, in-8, 1818. — *Lettres de deux Amants de Barcelonne, publiées à Madrid par le chevalier Hénarès, traduites de l’espagnol (traduction supposée, dont nous avons par erreur donné l’analyse sous le nom de Hénarès). — *Olivier, in-12, 1826 (roman attribué à tort à Mme de Duras). — *Clément XIV et Carlo Bertinazzai, in-12, 1827.

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