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complétement à jeter l’intérêt le plus vif sur ces conversations vraiment curieuses. — En résumé, Histoire et Roman est un livre plein d’intérêt, qui annonce dans l’auteur un écrivain consciencieux et brillant.

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AUGER (St. Hippolyte), né à Auxerre, en 1797.


BORIS, nouvelle, in-12, 1819. — La scène de cette nouvelle est au monastère de Vonescenskoï, situé dans une des steppes arides qu’arrose le Dniéper. Depuis plusieurs siècles ce monastère possède une image révérée de la Vierge, qui attire annuellement de nombreuses troupes de pèlerins, de tous les points du vaste empire de Russie ; tous arrivent souffrants, tous partent guéris ou consolés. Avant de s’éloigner, chacun écrit son nom et quelques sentences sur la table de pierre placée sous le vestibule du cloître. Là, aux dons modestes du pauvre venaient se joindre les offrandes des riches et des rois ; mais aucun des présents déposés aux pieds de l’image miraculeuse n’égalait ceux d’un pèlerin qui avait refusé d’écrire son nom sur la table de pierre. On se perdait en conjectures sur cet étranger dont on n’avait pu apercevoir la figure ; on savait seulement qu’après avoir attaché à l’image sacrée une couronne de diamants d’un prix inestimable, il avait été congédié avec une sorte d’horreur par le prieur, qui lui avait dit d’une voix tonnante : « Priez, misérable pécheur ! — Huit années s’étaient écoulées sans que l’inconnu fût revenu au monastère. On était arrivé au jour où l’on célébrait la fête solennelle de la Vierge, lorsqu’au lever de l’aurore on aperçut une troupe considérable de pèlerins entourant un paralytique couché sur un lit porté par quatre de ses compagnons. Son visage livide et décharné laisse voir les traces de violentes souffrances ; mais son regard est doux, et semble demander à tous indulgence et pardon. Une femme d’une beauté imposante, et deux jeunes guerriers marchent à ses côtés, et suivent avec intérêt tous ses mouvements. La foule s’empresse autour du malade et demande qui il est ? — C’est Boris le riche ! répond un habitant de Kiow. — C’est Boris le sage, le vainqueur des Tartares, le saint de la contrée ; ses richesses sont innombrables, mais moins grandes encore que ses vertus. Cependant ce saint, ce sage, n’est autre que le pécheur qui huit années auparavant avait fait un si riche don au monastère ; il y revenait une seconde fois implorer la miséricorde divine. Mais quel pardon avait-il à demander ? quel crime avait-il commis ? Boris avait fait un pacte avec le diable, qui avait mis à sa disposition des trésors inépuisables. Quelle suite de fautes avait conduit l’infortuné Boris à recourir à la bourse d’un si terrible créancier ? sous quelle