Page:Revue des Romans (1839).djvu/402

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne manquerait plus à son bonheur s’il retrouvait Clémence ; il la retrouve malade et malheureuse, et, après lui avoir prodigué ses soins, il apprend qu’elle n’a jamais aimé que lui. Enfin, M. Moncarville meurt ; Clémence est libre et riche, mais elle n’épouse pas Arthur : les deux amants sont heureux comme cela, pourquoi changer ? Telle est la morale du livre. Se marier, c’est dire toujours ; le mariage est donc contraire à la devise des amours.

GUSTAVE, ou le Mauvais sujet, 3 vol. in-12, 1821. — Gustave est un roman fort divertissant ; c’est l’histoire d’un mauvais sujet qui porte le trouble dans toutes les familles. À côté de ce jeune libertin figurent un colonel, le raisonneur de l’ouvrage, et une petite paysanne assez intéressante. Le tableau des amours de Gustave avec cette villageoise est ce qu’il y a de mieux dans le roman.

ZIZINE, 2 vol. in-8, 1836. — M. Guerreville, au bout de deux ans d’une douce et paisible union, perdit sa femme ; dès lors il consacra toutes ses affections à sa fille, et il aurait donné sa vie pour épargner un chagrin à sa Pauline. Pauline répondit merveilleusement aux soins et à la tendresse dont elle était l’objet ; douée de toutes les qualités du cœur et de l’esprit, à seize ans elle attirait tous les regards. Guerreville habitait les environs d’Orléans, où il fit la connaissance du jeune d’Aubray, dont la figure charmante et les manières distinguées firent impression sur le cœur de l’innocente Pauline. Guerreville n’aurait pas hésité à faire le bonheur de sa fille en l’unissant à l’homme de son choix ; mais d’Aubray avait d’autres projets : il fit croire à Pauline que son père lui avait refusé sa main, et il la décida à se laisser enlever. Ce fut un coup affreux pour Guerreville, mais l’espoir le soutient il pensait que sa fille ne pouvait manquer de revenir demander à son père un pardon pour son bonheur, ou des consolations pour son infortune. Vain espoir ! sept années s’écoulèrent sans qu’il pût rien apprendre sur le sort de sa fille chérie, malgré les démarches les plus actives. Un jour, dans une maison de la rue Montmartre, où il se livrait à ses investigations ordinaires, il vit, à un quatrième étage, un pauvre porteur d’eau malade à qui le portier venait annoncer que dès le lendemain son grabat serait vendu pour payer le loyer. L’Auvergnat était consterné ; sa fille, jolie enfant de six ans, qu’il nommait Zizine, lui prodiguait les soins les plus touchants. Guerreville prit Zizine à part, lui donna sa bourse, et envoya pour soigner le père, un de ses amis, le docteur Jenneval. Peu après cet événement, Zizine fut prise en affection par une dame fort riche, Mme Dolbert, qui se chargea de son éducation. Lorsque cette dame voulut marier sa fille, le porteur d’eau prit la résolution de reprendre Zizine avec lui, et vint à ce sujet demander conseil à Guerreville, qui promit d’aller s’entendre avec