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d’Oropesa, président du conseil. Deux partis divisaient la cour et se disputaient le pouvoir que Charles laissait échapper de ses mains ; l’un avait pour chef le président ; la reine et l’amirante étaient à la tête de l’autre. Les deux partis se tenaient réciproquement en échec sans gagner du terrain l’un sur l’autre ; il fallait trancher la question : la santé de Charles donnait de sérieuses inquiétudes ; Oropesa le sentit, et il prit pour auxiliaire sa fille, jeune et douce enfant qui venait d’atteindre sa seizième année dans un couvent, et dont les beaux yeux noirs, la pudeur tendre augmentèrent le nombre des partisans d’Oropesa, qui recherchèrent son alliance avec empressement. La reine, furieuse de la défection des siens, manda de suite à Madrid l’amirante, pour renverser le pouvoir de sa redoutable et jolie ennemie ; il arrive, voit Antonia, s’enflamme pour elle d’un violent amour, et fait demander sa main par le roi au président. Oropesa l’accorda avec joie. Le mariage fut arrêté et conclu malgré les pleurs d’Antonia, qui était aimée et aimait le jeune Fernand, son cousin. Le lendemain du mariage, une furieuse émeute éclate à Madrid, Oropesa est disgracié, et sa ruine entraîne celle de l’amirante, qui se serait facilement consolé de ce malheur, si la belle Antonia l’eût aimée. Mais la jeune femme voulait tenir les serments de la jeune fille, et Fernand seul avait une place dans son cœur. L’amirante, éloigné des affaires, put s’abandonner à loisir à sa dévorante jalousie : une nuit, il surprend Fernand dans la chambre de sa femme, le force à mettre l’épée à la main et le tue. — Ce roman est assez mal conduit, et l’on cherche en vain à s’intéresser au sort de quelques-uns des personnages ; on pourrait s’apitoyer sur la grâce et la jeunesse de la reine ; mais ses intrigues avec l’amirante enlèvent ses droits à la compassion ; Oropesa n’inspire que du dégoût ; l’amirante n’inspire rien du tout ; la beauté d’Antonia attire d’abord doucement vers elle, mais sa conduite dément ce que promettait sa timide présentation à la cour : on n’a pas vu naître cet amour de Fernand pour sa cousine ; cet amour a grandi loin de nous, aussi sa mort n’intéresse pas plus que sa passion.

CATHERINE II, in-8, 1834. — On trouve dans cet ouvrage, pour peu qu’on le dégage des formes pretentieuses et romanesques, de piquants et de curieux détails sur la vie de la fameuse Czarine, que les trop faciles éloges des encyclopédistes entourèrent d’un prestige de gloire et de grandeur. Quelles mœurs, grand Dieu ! que celles de la Czarine ! que de honte pour un peu de gloire ! que de taches de boue sur un lambeau de pourpre ! Les trois frères, Orloff, Wissotsky, Wassiltschikoff, Potemkin, Zawadowski, etc., etc., entrent tour à tour dans une couche encore fumante du sang de Pierre III. Sous le règne de cette femme, dont l’ingénieuse