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d’une existence réelle. Ses sentiments sont en général ceux d’un censeur hardi, fier, arrogant et indigné contre un siècle lâche et corrompu. L’auteur de Chrysal a donné la clef des personnages qui figurent dans son ouvrage ; cette clef, publiée par William Davis dans son Recueil d’anecdotes bibliographiques et littéraires, est jointe au texte avec quelques notes explicatives des événements et des personnages en place qui appartiennent à l’histoire : on a laissé les anecdotes scandaleuses particulières enveloppées du mystère qui les couvre dans le texte.

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JOUY (Victor Jos. Étienne de),
de l’Académie française, né à Jouy en Josas, en 1769.


L’ERMITE DE LA CHAUSSÉE D’ANTIN, ou Observations sur les mœurs et les usages des Français au commencement du XIXe siècle, 5 vol. in-12 ou in-8, 1812-14. — Il y a maintenant plus de cent ans que deux beaux esprits de l’Angleterre, Addison et Steele, entreprirent de composer, sous le titre de Spectateur, une feuille périodique, consacrée, non pas à la politique et aux nouvelles comme toutes les autres, mais à la peinture des mœurs du temps, à la censure des vices, des ridicules et des travers de la société. L’Ermite de la Chaussée d’Antin s’est proposé cette feuille pour modèle, et l’imitation est marquée de presque toutes les manières imaginables. Comme Steele et Addison, il met en tête de chaque numéro une épigraphe prise le plus souvent dans quelque poëte latin ; comme eux, entre les correspondants fictifs dont il est lui-même le secrétaire, il a pour correspondants très-réels deux ou trois hommes d’esprit qui le questionnent, l’agacent, et lui font de petites querelles entremêlées de compliments fort doux ; comme eux, il a débuté par donner un portrait de sa personne et un récit de ses habitudes journalières où il n’y a pas un seul mot de vrai ; comme eux, il a son article sur les enseignes, sur les sépultures, sur la loterie, sur les laquais, sur les maisons de campagne, etc., etc. ; comme eux surtout (et c’est ici le rapport le plus essentiel et le plus honorable), il joint à la connaissance du cœur humain celle de la société ; au talent d’observer avec justesse, celui de peindre avec fidélité ; au courage d’attaquer les vices de toutes les classes, les défauts de tous les caractères et les ridicules de toutes les professions, l’estimable attention d’épargner les personnes et d’éviter presque toujours les traits de ressemblance individuelle ; enfin, à toute la solidité des principes et du raisonnement, il joint tout l’agrément du badinage et tout le sel de la bonne plaisanterie. Le Spectateur et l’Ermite diffèrent cependant à