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ami au milieu des flots de peuple qui environnent la fatale charrette. Grâce à lui, cette femme si bien parée de jeunesse et d’attraits ne disparaît pas du nombre des vivants sans qu’une larme mouille la terre à laquelle elle est rendue. — Tout ce drame est d’une effrayante vérité. Ce ne sont pas des choses qu’on invente ; il faut les avoir trouvées dans la nature, dans son cœur, dans le désespoir. Aussi n’avons-nous pas été surpris de lire dans la préface de la seconde édition de ce livre, spirituel dialogue de l’auteur avec la critique, que cette dure déesse le prit en pitié quand elle sut tout ce que le romancier avait mêlé de lui à son atroce fable. « Sa pitié, dit-il, alla jusqu’aux larmes, quand elle sut que le moral de mon héroïne n’était peut-être qu’une triste réalité, et que mon livre était non-seulement une étude que j’avais voulu faire, mais encore les mémoires exacts de ma jeunesse que j’avais voulu écrire. »

NOUVEAUX CONTES FANTASTIQUES, 4 vol. in-12, 1833. — Le plus curieux, le plus intéressant de tous les contes de ce recueil est sans contredit la préface des Contes nouveaux, dans laquelle M. Jules Janin raconte sa vie.

À l’occasion des Souvenirs de jeunesse et des Souvenirs de la révolution de M. Charles Nodier, M. Jules Janin, en rendant justice au talent de l’auteur, laisse entrevoir fort clairement que la plupart des événements qui intéressent le plus dans ces souvenirs, sont l’œuvre de l’intarissable imagination de M. Nodier. Nous désirons, sans toutefois en rien croire, que la préface des Contes nouveaux ne soit pas une préface d’imagination. En tout cas, si non e vero bene trovato. Cette préface est sans contredit ce que M. Jules Janin a écrit de plus simple, de plus naïf et de plus touchant.

LE CHEMIN DE TRAVERSE, 2 vol. in-8, 1836. — Deux voyageurs partent d’Ampuy, petit village au bord du Rhône, où ils sont nés, où leur adolescence et les premiers jours de leur jeunesse se sont paisiblement écoulés, et prennent deux chemins différents ; l’un suit le grand chemin, route poudreuse, dévorée par le soleil, sans ombre, sans repos ; l’autre prend le chemin de traverse, bordé de saules, tapissé de gazon, doux et facile chemin qui conduit plus agréablement au but. Le voyageur du chemin de traverse, Prosper de Chavigny, le héros du roman, part le premier de son village, se dirige sur Paris, où il arrive pauvre, ingénu, ignorant, mais beau et plein d’ardeur, de force et de courage. La misère est le noviciat par lequel il passe ; mais bientôt un changement heureux s’opère dans son sort. Il rencontre à Paris un oncle riche, M. De la Bertenache, qui le recueille, le prend par la main, le conduit, et bientôt lui fait perdre une à une toutes ses grâces champêtres, toutes les superstitions villageoises ; lui enseigne com-