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HAMILTON (miss Emma Harte, depuis lady), née en Angleterre.


MÉMOIRES DE LADY HAMILTON, in-8, 1816. — (On doute que ces Mémoires soient réellement de lady Hamilton,) — Cette femme qui a joué un rôle si magnifique en Europe, qui avait soumis à l’empire de ses charmes le vainqueur d’Aboukir et de Trafalgar, avait commencé sa carrière par l’humble emploi de bonne d’enfants et de servante d’auberge. Un jeune libertin, le chevalier Featherston, fut le premier qui découvrit ce trésor de beauté ; il conduisit la jeune Emma dans ses terres ; mais au bout de quelques mois, il la délaissa sans pitié ; et l’infortunée jeune fille, n’ayant d’autre asile que le pavé de Londres, grossit bientôt le cortége de ces beautés faciles que l’on voit pulluler le soir sur les trottoirs des rues de la capitale de l’Angleterre. De cette milice, Emma passa entre les mains d’un charlatan qui l’exposait aux yeux du public comme une preuve vivante de l’efficacité de ses préparations cosmétiques pour entretenir la fraîcheur du teint. Le célèbre peintre Romney l’aperçut un jour sur les tréteaux de l’opérateur, et, frappé de la beauté de ses formes et des grâces de sa figure, il la fit poser comme modèle. La vue de tant de charmes enflamma son cœur en même temps que son esprit ; mais Romney, amoureux septuagénaire, était toujours en contemplation, et la vive Emma s’ennuya bientôt de n’être heureuse qu’en peinture. Un jeune homme, M. Greville, vient à l’atelier de l’artiste et fait des offres qui sont acceptées ; il donne à Emma des chevaux, des diamants, une maison ; enfin il se ruinait, quand lord Hamilton, son oncle, ambassadeur à Naples, arrive subitement pour rompre une liaison qui l’indigne. Mais il voit Emma, et semblable au Gouvignac d’Andrieux, il devient épris de la beauté qui avait excité son courroux, paie les dettes de son neveu, qui, moyennant cette complaisance, lui cède ses droits sur Emma, et après avoir terminé ce singulier marché, repart pour Naples, où les soins et les artifices d’Emma le décident à l’épouser. Les événements de la guerre amènent lord Nelson à Naples ; il était couvert de gloire, il était puissant, il n’eut qu’à se présenter pour plaire, et le pauvre lord Hamilton fut peut-être le seul homme de l’Europe qui l’ignora ou feignit de l’ignorer. À son arrivée à Naples, la maîtresse de lord Hamilton n’était pas encore mariée, et la noblesse avait refusé de la voir ; elle jura de s’en venger, et elle tint parole aux Napolitains qui l’avaient méprisée. À la suite d’une révolution, lord Nelson rentre en vainqueur à Naples, et Lady Hamilton use de sa funeste influence sur l’esclave de ses charmes pour faire couler des flots de sang : tous ses ennemis personnels tombent sous la hache des bourreaux. Après de si doux passe-temps, elle reconduit son amant en Sicile, et achève de l’en-