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riage, trouve le moyen de l’accuser d’avoir empoisonné son mari, et de le prouver par témoins. Par sentence du parlement elle est condamnée au bûcher. Elle en appelle au jugement de Dieu ; Ingelger soutient l’accusation ; le duc de Bar est tué, et Ermance, reconnue innocente, prend le voile dans un couvent de bénédictines. — La marche de ce roman est vive et simple. Les deux parties brillantes sont l’accusation d’Ermance, avec tous les accessoires du jugement de Dieu, et la prise d’habit de la nouvelle religieuse.

CATHERINE Ire, IMPÉRATRICE DE TOUTES LES RUSSIES, 5 vol. in-12, 1819. — Madame de Gottis a usé du privilége accordé à tout romancier, d’arranger les faits à sa guise. Elle a prodigieusement embelli toute la partie inconnue de la vie de son héroïne. Catherine n’est plus cette prisonnière de Mariembourg, forcée de subir toutes les chances de la guerre, et que ces chances donnent successivement à plusieurs maîtres ; c’est une jeune personne aussi réservée et plus scrupuleuse que l’héroïne d’un roman anglais. La première entrevue de Pierre et de Catherine est bien amenée, et prouve que l’auteur connaît l’art des contrastes. C’est au milieu de l’horrible massacre des Strélitz que le czar voit pour la première fois celle qui doit un jour partager son trône. Puis il la perd de vue pendant deux années, et la retrouve dans une fête chez le prince Menzikof. Cette dernière circonstance est à peu près conforme à l’histoire ; on sait que le czar prit d’abord pour Catherine un goût que lui-même regardait comme passager, et qui ne tarda pas à devenir un attachement sérieux. On assure que la beauté de Catherine n’avait rien d’extraordinaire, et que son plus grand attrait pour le czar était la gaieté de son humeur et la douceur inaltérable de son caractère. Elle calma souvent la colère de son époux, et le rendit moins cruel et le rendant plus clément. L’auteur a eu l’art d’encadrer dans l’histoire de Catherine tous les événements importants du règne de Pierre le Grand, qui, quoiqu’un peu travestis, ne cessent pas toutefois d’intéresser.

FRANÇOIS Ier, MADAME DE CHÂTEAUBRIAND, 2 vol. in-12, 1816. — François I vient de monter sur le trône ; galant, adorateur de toutes les belles, il ne connaît pas encore l’amour, lorsque Françoise de Foix, épouse du comte de Châteaubriand, paraît à la cour, dans l’espoir d’obtenir la grâce de son frère Lautrec, que le roi a dégradé et condamné à mort sur une fausse accusation de l’amiral Bonnivet. Les charmes de Françoise de Foix détruisent heureusement les effets de la calomnie, et le roi, à la prière de celle dont le premier regard l’a subjugué, réhabilite Lautrec dans tous ses honneurs. Le jaloux Châteaubriand, qui depuis plusieurs