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cours du procès, il avait constamment refusé d’avouer son nom. Il se trompait cependant ; l’aumônier des déportés, qui connaissait son père, avait reconnu Allan, et, de retour en Écosse, annonça à la malheureuse famille la terrible nouvelle ; à cette révélation le pauvre pasteur fut frappé au cœur ; Mérédith, déjà prêtre, et il venait de succéder à son père, offrit d’aller rejoindre le malheureux Allan, pour l’arracher au désespoir, et le père y consentit. Allan se repentait déjà quand il revit son frère ; bientôt il mérita de travailler en liberté chez un maître pour un salaire qui devait lui appartenir tout entier, et quand il eut réuni une assez forte somme, il la fit passer à son père, pour dédommager les pauvres du premier vol qu’il avait commis. C’est une scène vraiment attendrissante que celle où le pasteur de Lauberis distribue solennellement aux pauvres de la paroisse le produit du travail du déporté, en le recommandant, sans le nommer, à leurs prières. Allan eut le bonheur de réparer tous les torts qu’il avait faits, de restituer tout ce qu’il avait dérobé ; mais le crime a des effets irrévocables, des conséquences fatales, sur lesquels le repentir ne peut rien ! Son père ne guérit jamais du coup que la nouvelle du déshonneur de son fils lui avait porté ; il eut le temps de connaître son repentir, de lui rendre son cœur, mais il mourut par lui ! L’effet de cette grande et terrible leçon ne s’est pas détruit par le bonheur que donneront plus tard au déporté le travail et la vertu ; ses affaires prospéreront ; il recouvrera, dans ce moment d’expiation, le respect et la considération des hommes ; sa mère traversera l’Océan pour l’embrasser, le bénir, et terminer près de lui ses jours ; mais le crime lui aura enlevé deux choses qu’il ne retrouvera plus : son père et sa patrie ! — Tel est, rapidement analysé, le petit roman justement couronné par l’Académie.

Nous connaissons encore de M. Fouinet : La Stréga, 2 vol. in-8, 1833. — La Caravane des Morts, 2 vol. in-8, 1836.

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FOURNIER (N.)


STRUENSÉE (avec Auguste Arnould), 4e édit., 2 vol. in-8, 1834. — Le sujet de ce roman est tiré des annales du Danemark. En 1769, la cour de Danemark est en proie aux plus odieuses intrigues. Christian VII est l’objet de l’ambitieuse jalousie de Marie-Julie, sa belle-mère, qui usurpe l’autorité royale en attendant qu’elle la fasse passer à son fils. Elle a corrompu le cœur et l’esprit de Christian, livré sa jeunesse à tous les excès de la débauche, et est parvenue à détruire sa santé et à énerver ses facultés. Le malheureux prince n’a que trop bien favorisé ce complot ; il s’est abandonné aux plus grossiers plaisirs, il a chassé outrageusement la belle