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mille de pêcheurs, une jeune fille dont il est devenu éperdument amoureux. La famille habite l’île de Procida, à trois lieues de Naples, et c’est dans cette admirable contrée que Barimore est témoin des charmes et des vertus de Nisiéda. Le tableau de l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre est tracé avec beaucoup de délicatesse. Barimore finit par épouser Nisiéda ; ils habitent une jolie maison de campagne à Pouzzoles, et semblent jouir du bonheur le plus parfait ; mais cette félicité n’est que passagère : la passion dont l’épouse est animée pour Barimore lui fait bientôt ressentir les tourments de la jalousie ; elle disparaît et va s’ensevelir dans un couvent, sans qu’il soit possible à Barimore de découvrir sa retraite et de lui prouver son erreur. Lui-même, dévoré de chagrin, abandonne l’Europe et s’embarque pour les Indes ; un de ses amis cherche à le rejoindre ; mais après plusieurs années de longues et infructueuses recherches, il apprend que deux bâtiments ont péri sur les côtes de l’île de Bornéo, à peu près à l’époque où Barimore a dû s’embarquer pour les Moluques. — Ces aventures n’ont, on le voit, rien de bien extraordinaire ; néanmoins, leur lecture procure à l’âme une douce mélancolie, par cela même qu’elles sont naturelles, et que le lecteur peut facilement se mettre à la place du principal personnage.

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FORTOUL (H.).


GRANDEUR DE LA VIE PRIVÉE, contenant : Simiane, ou Poésie de la vie privée ; Steven, ou l’Héroïsme de la vie privée, 2 vol. in-8, 1838. — Dans une introduction, l’auteur raconte que dans un château assez voisin de Paris, où une société nombreuse, composée de militaires, de députés, d’artistes, de journalistes, était rassemblée, on se mit à discuter un soir le grand sujet à la mode, à savoir, si la source du progrès est dans la vie publique ou sociale, ou s’il faut la chercher au foyer domestique. L’auteur, qui prend part à la discussion, est le seul de ce dernier avis, et, pour l’appuyer, il demande la permission de lire à la compagnie un manuscrit de sa composition ; c’est Simiane, ou la Poésie de la vie privée, le premier des deux romans. La scène se passe en Suisse. Au commencement de mai 1737, un jeune homme et une jeune femme arrivent à Vevay, et là, au bord du beau lac Leman, ils font choix d’une habitation élégante et rustique, où ils continuent durant des années à vivre dans l’amour fidèle, dans l’admiration de la nature et l’adoration du Créateur. Un jour, Rousseau, inconnu encore et s’ignorant, ouvre la barrière verte de la maisonnette, et s’avance, sans trop savoir pourquoi, mais invinciblement