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on est porté à croire que Fanny n’est pas une production de miss Edgeworth.


SCÈNES DE LA VIE DU GRAND MONDE, traduit par Dubuc, 7 vol. in-12, 1813. – Les Scènes de la vie du grand monde se composent de trois nouvelles : L’Absent, ou la Famille irlandaise (3 vol.) ; Émilie de Coulanges (1 vol.) ; Vivian ou l’Homme sans caractère (3 vol.). Ces romans sont absolument étrangers l’un à l’autre, et n’ont d’autres rapports que la peinture de ridicules très-divers, qui appartiennent à la même classe de la société.


L’ABSENT, ou la Famille irlandaise, 3 vol. in-12, 1813. – Miss Edgeworth s’est proposé de peindre dans ce roman un ridicule qui ne peut exister qu’en Angleterre, la manie qu’ont les riches propriétaires irlandais, qui méprisent leur pays et négligent leurs biens, de venir s’établir à Londres pour se ruiner honorablement dans la bonne compagnie. — Lady Clonbrony, dame irlandaise établie à Londres, donne, à l’ouverture du roman, une fête magnifique pour cacher le projet d’un mariage qu’elle voudrait assurer à son fils, lord Colambre, jeune homme du plus rare mérite. Le caractère de lady Clonbrony se compose d’un amour prodigieux pour la magnificence, et d’un grand mépris pour l’Irlande. Lord Clonbrony ne partage pas les préjugés de sa femme, mais il favorise ses dépenses, et tout en aimant l’Irlande, il se ruine à Londres. La famille irlandaise se compose encore d’une jeune parente très-aimable et très-intéressante, miss Nugent, qu’aime passionnément lord Colambre, qui, dès qu’il a soupçonné qu’on veut l’unir par des vues d’intérêt à miss Broadhurst, noble et riche héritière, repousse une proposition offensante pour sa délicatesse. — Il n’y a dans ce plan rien que de fort simple, mais il s’y mêle des peintures de mœurs et des caractères fort piquants : la magnificence des fêtes anglaises, les détails du luxe, la hauteur des grandes dames, le persifflage de la haute société, y sont rendus avec beaucoup d’exactitude. Les mœurs irlandaises sont ensuite l’objet d’une semblable description, qui n’est pas toujours à l’avantage de l’Angleterre. Lord Colambre étant revenu en Irlande pour examiner l’état de ses biens, prend des idées nouvelles sur sa patrie, chasse ses intendants fripons, afferme ses terres avantageusement, et rétablit les affaires de sa famille. Pendant qu’il est occupé de tous ces détails, on calomnie miss Nugent, l’objet de sa passion, en supposant qu’elle est d’une naissance fort incertaine ; heureusement il prend des informations, découvre que le père et la mère de miss Nugent étaient bien légalement mari et femme, se marie, et l’on va faire les noces en Irlande, où lord et lady Clonbrony, revenus de leur anglomanie, rentrent avec plaisir dans leur château.