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quittent la grande route pour monter sur le bateau à vapeur. Parmi les passagers, Stéphane en remarque un qui, profitant d’un moment où il est seul sur le pont, se précipite dans la Saône ; il est sauvé par un chartreux, et l’histoire de ses malheurs forme un touchant épisode. Ce jeune homme est pris en grande amitié par Stéphane et par Courbin, et tous les trois escortent à la Grande-Chartreuse le moine sauveur. Là, les charmes de la solitude et le repos du cloître séduisent Stéphane, qui se décide à se faire chartreux. Courbin, après s’être vainement efforcé de vaincre la résolution de son ami, le laisse au couvent, où il revient le chercher quelque temps après avec la musique d’un régiment de cavalerie. Stéphane retrouve Anna de Mérigny ; l’entretien qu’il a avec elle éclaircit tous ses doutes ; il sait qu’Anna est pure et innocente. Cette jeune fille, obligée de continuer à vivre sous le même toit que le notaire, se résigne à une mort lente et volontaire en ruinant sa santé par l’usage fréquent de l’opium. Les singulières aventures de Courbin dans le Dauphiné complètent le roman, qui se termine par un dénoûment à peu près heureux. — Sous le froc est un roman enjoué, intéressant, qui plaît à la majorité des lecteurs.

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ALLART DE THERASE (Mme Hortense).


GERTRUDE, 4 vol. in-12, 1828. — Il existe une sorte de littérature bizarre que l’on a nommée l’École du cœur : une froide prétention à l’énergie, une sonorité toute phraséologique, un penchant à ne rien dire que d’une manière obscure et à dire quatre obscurités pour une, l’éternelle manie d’analyser, le grandiose usé jusqu’à l’abus pour exprimer les choses les plus communes, enfin un ton d’enthousiasme qui glace et étourdit, voilà son enseigne ; il semble que les initiés de cette espèce de religion littéraire, dont le dogme principal est l’amour platonique, craignent d’avilir l’objet de leur culte en s’exprimant avec naïveté et bonhomie. Gertrude est un roman de l’école du cœur, dont il est de toute impossibilité de faire une analyse qui puisse être comprise ; c’est cependant un roman où il est curieux de jeter les yeux pour connaître bien à fond ce que c’est que cette école, pour juger combien la sensibilité, poussée jusqu’à la sensiblerie, passe les bornes de la plaisanterie.

SETTIMIA, 2 vol. in-8, 1836. — L’héroïne de ce roman est une Romaine ; elle aime Marcel, jeune Français qui est allé passer une saison à Rome avec sa famille, avec sa mère malade. Settimia a été élevée avec soin par son oncle Vera, un de ces savants éclairés et passionnés, comme l’Italie en garde encore. Le mariage avec Marcel n’est pas possible aussitôt ; il est trop jeune, il n’a pas