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qui ne tarda pas à être dissipée. Sur les instances de Georges, M. Palmer demanda pour lui la main de Clary à mistress Edgerton, qui répondit que sa fille se trouvant seule héritière d’un parent très-riche, elle ne pouvait rien conclure sans le consentement de ce parent. Peu de temps après, mistress Edgerton tomba malade et mourut. Clary apprit alors que mistress Edgerton n’était pas sa mère. Bientôt aussi on apprit que M. de Palmer n’était pas ce qu’on l’avait cru jusqu’alors. Mais qu’était-il ? quels étaient les parents de l’aimable Clary ? C’est dans le roman même que le lecteur doit chercher le mot de ces énigmes. Sa curiosité sera d’autant plus agréablement satisfaite, qu’elle aura été excitée avec plus d’art, et l’auteur en a mis beaucoup dans la distribution de son plan et le mouvement de ses ressorts : l’intérêt est toujours soutenu ; il croît même progressivement sans l’emploi de ces moyens violents, de ses conceptions extravagantes comme nous en voyons tous les jours, et qui coûtent bien moins que le développement d’un seul pli du cœur humain.

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DURAND (Mme).


*LA COMTESSE DE MORTANE, 2 vol. in-12, 1699. — Ce roman est assez bien écrit ; mais le second volume est beaucoup plus intéressant que le premier ; si l’on en retranchait un tiers, et si on le purgeait de quelques termes un peu trop populaires, ce serait un des plus jolis romans de l’époque où il parut. Les caractères y sont bien tracés, bien soutenus ; les événements en sont singuliers, quoique naturels.

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DURAS (la duchesse de), née de Kersaint.


*OURIKA, in-12, 1824. — Dans cet ouvrage, madame la duchesse de Duras s’est attachée à peindre la situation d’une jeune fille qui, dans une complète ignorance des mœurs et des usages de l’Europe, s’abandonne avec toute la candeur de l’innocence au charme d’un sentiment dont elle ne connaît la puissance que lorsqu’il ne lui est plus possible d’en triompher. Simple et naïve, mais née sous un climat brûlant, la pauvre Ourika s’abuse sur la nature de l’intérêt qu’elle inspire. Les soins touchants dont elle est l’objet, ces caresses dont on l’entoure, ce langage affectueux du grand monde, si nouveau pour elle, tout prend à ses regards les couleurs de la passion qui la consume ; artisan de son propre malheur, ingénieuse à se tromper, l’infortunée se complaît à traduire dans la langue de l’amour ces mots bienveillants échappés à la tendre amitié, et l’espoir, qui lui verse à pleines mains les