le martyre, si concentrées, si résignées, que rien d’humain ne semble être en elles, et qu’on est plutôt tenté de les admirer que de les plaindre.
ROME AU SIÈCLE D’AUGUSTE, 4 vol. in-8, 1836. — Dans cet ouvrage, M. Dezobry a reconstruit pièce à pièce, morceau par morceau, une des époques les plus curieuses de l’histoire romaine. Pour bien apprécier le mérite de son œuvre, où l’invention ne prime et n’altère jamais la vérité historique, entrons dans Rome avec Comolugène, jeune Gaulois qu’une curiosité naturelle aux hommes de son pays entraîne à de lointains voyages. Quel bruit ! quel tumulte ! Ici c’est un chariot qui heurte en passant la litière où dort mollement étendu un jeune sénateur ; plus loin c’est un convoi funèbre qui vient s’embarrasser au milieu des tréteaux des thaumatopes et des petites boutiques où se débite la chair des sangliers et des ours tués aux derniers jeux du cirque. Saluons le Forum, ce vaste champ de bataille où le peuple et l’aristocratie ont si souvent lutté corps à corps. Évitons en passant cette troupe affamée de clients qui vont saluer le réveil de leurs patrons, et recevoir le sportule en échange de leurs basses flatteries. Hâtons-nous de prendre place au temple de Mars Vengeur ; le sénat s’y assemble aujourd’hui, et l’empereur doit assister à la séance. Si ces bruyantes délibérations vous fatiguent et vous ennuient, allez au Champ de Mars ; apprenez à lancer le javelot, à sauter à cheval sans prendre d’élan, ou bien frottez-vous d’huile comme un athlète et livrez-vous à tous les exercices de la palestre : c’est le meilleur moyen de gagner de l’appétit et de faire honneur au dîner somptueux qui vous attend, après que vous aurez pris votre bain chaud. Maintenant que les unctores ont répandu sur votre corps des essences parfumées, revêtez-vous de la toge blanche que vous fournit le maître de la maison, et passez dans le triclinium. Les libations en l’honneur des dieux commencent au son de la flûte ; puis on distribue aux convives des couronnes tressées d’ache et de lierre, qui offrent un puissant préservatif contre l’ivresse. — Le lecteur trouvera dans Rome au siècle d’Auguste mille autres détails curieux et pleins d’intérêt, qui forment un contraste piquant avec les savantes dissertations de l’auteur sur la constitution politique de la société romaine, sur les formes de son gouvernement, l’administration de la justice, les différents droits des citoyens, etc., etc., etc.
