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condamne à mort et la croit exécutée, ce qui ne l’empêche pas de vivre jusqu’à la fin du roman. Après avoir cédé au sultan, il ne tient pas à elle qu’elle ne cède à Ariel, l’amant de Bouton de rose ; elle se trouve avec lui dans les situations les plus délicates et les plus érotiques, tantôt demi-nue, et presque toujours le sein découvert. Bouton de rose est infiniment plus sage que sa compagne ; elle ne cède ni au sultan ni à d’autres, quoiqu’elle se trouve aussi dans de terribles situations. Tige de myrte, après beaucoup d’aventures critiques, finit par s’empoisonner et meurt. Bouton de rose et son tendre amant Ariel sont empoisonnés, et deviennent deux momies d’Égypte qu’on place à côté l’une de l’autre ; mais bientôt ces deux momies s’aperçoivent qu’elles pensent encore, et qu’elles pensent à leur amour. Chacun, de son côté, l’exprime dans un monologue ; les noms d’Ariel et de Bouton de rose sortent de leur bouche. Bientôt la conversation s’établit, les monologues deviennent un dialogue ; les momies font un effort de plus, elles se regardent, se voient, veulent aller l’une vers l’autre, mais en sont empêchées par les bandelettes qui compriment leurs membres ; elles se trouvent d’une laideur affreuse et s’aiment cependant toujours. Enfin, après toutes sortes d’enchantements, de féeries, après tous les prodiges de la grotte aux merveilles et du pont d’Arimane, le grand Orondate rend les amants à la vie, à la beauté et à leur amour.

Nous connaissons encore de cet auteur : *Lettre d’un Bâtard d’amour à un bâtard de littérature, in-8, 1805.

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DELRIEU (André).


VIRGINITÉ, 2 vol. in-8, 1837. — Un peintre français nommé Télèphe devient amoureux d’une belle Flamande ; mais un mystère impénétrable environne l’objet de sa passion, une puissance inquiète veille sur la jeune fille, et l’on comprend dès les premières pages qu’un formidable secret échappera au dénoûment, secret qui sera aussi celui de la critique. — Il y a dans ce livre des pages fraîches et ombrageuses comme les mélancoliques chênaies de Ruisdaël, des pays sombres sillonnés d’ardents rayons à la Rembrandt ; on habite la terre du Landret où M. Delrieu conduit le lecteur ; on est transporté en esprit sur la tour de la merveilleuse cathédrale d’Anvers, d’où l’on embrasse du regard tout le vaste panorama de l’Escaut et des polders, du port et de la cité, tout ce vaste et plantureux Brabant ; on suit l’ombre gigantesque de la gracieuse et bizarre Paz Van-Ullen, on se glisse le long des maisons de la silencieuse place du Neer. Mais pourquoi faut-il que le rêve tourne si vite en cauchemar, et que d’odieux fantômes