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digne de se retrouver quelque jour libre et pure, dût ce jour ne venir qu’au delà du tombeau ! … Le grand jour est venu avant le tombeau. C’est Percy qui a ramené cette âme fascinée, qui l’a relevée par la religion à l’heure où elle se relevait par l’adversité. Mais c’est tout ce qu’il peut pour elle. Il ne peut sauver l’illustre victime ; elle tombe, n’ayant passé sur le trône d’Angleterre que le temps d’y laisser après elle sur les degrés cette Élisabeth qui allait grandir pour punir l’inconcevable indifférence des Anglais aux caprices sanglants de Henri VIII, en continuant sa tyrannie. — Tel est le cadre du beau roman de Mme de Craon, qui a reproduit avec vigueur et habileté la grande époque qu’elle retrace.

Mme de Craon est aussi l’auteur de : Deux Drames, in-8, 1835.

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CRAYON (Geoffroy), pseudonyme de Washington Irwing.
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CRÉBILLON (Cl. Prosp. Jolyot de),
né à Paris le 12 février 1707, mort le 12 avril 1777.


LES HEUREUX ORPHELINS, histoire imitée de l’anglais, in-12, 1754. — Les romans de Crébillon fils peuvent se diviser en deux classes bien distinctes : les romans proprement dits et les gravelures. Dans le nombre des premiers, il faut ranger les Heureux orphelins. — En 1688, un Anglais, nommé le chevalier Rutland, rencontre dans son parc deux jeunes enfants orphelins, frère et sœur, qu’il élève avec une sollicitude toute paternelle. Sa pupille se nomme Lucie ; elle est si belle à seize ans que le chevalier en devient éperdument amoureux. Lucie a peur de cet amour, et elle s’enfuit la nuit dans la ville de Londres, où elle rencontre autant de dangers pour son innocence que Tom Jones en trouva pour la sienne. Le roman est entremêlé par des aventures d’un jeune lord très-fat et très-corrompu, à la mode des grands seigneurs français.

LES ÉGAREMENTS DU CŒUR ET DE L’ESPRIT, in-12, 1736. — Dans ce roman, Crébillon a tenté de représenter une jeune et jolie personne de la société d’autrefois ; élégante, jolie, bien faite, spirituelle, rieuse, pleine de noblesse, héritière d’un grand nom, et pure comme une jeune fille du dix-septième siècle. Cette aimable personne s’appelle Mlle de Théville. « C’est un roman que je n’ai jamais oublié, dit un de nos plus mordants critiques modernes, tant celle qui porte ce nom fait un charmant contraste avec tous les personnages des autres romans de Crébillon. » Le héros du livre est partagé entre Mlle de Théville et Mlle de Lursay. Son cœur s’égare