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expirant au même instant. En raison de ce double hymen, la veuve est condamnée à mort ; mais elle se tire d’affaire en contractant un troisième lien qu’elle a soin de faire antidater, parce que, lui dit-on, la loi qui condamne à mort les femmes qui ont deux maris, ne s’explique point sur celles qui ont jugé à propos d’en prendre trois. Enfin, l’héroïne finit par mourir vers le milieu du second volume, pour céder la place à un jeune homme qui commence une nouvelle histoire, laquelle n’a pas le moindre rapport avec la première, si ce n’est que le héros du second roman est le fils de l’héroïne du premier. — Le style est faible, et plus pauvre encore, si cela est possible, que cette pauvre production.

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CASTÉRA (Mlle Désirée).

OÏCOMA, ou la Jeune voyageuse, 2 vol. in-12, 1808. — Ce n’est point ici un voyage dans le nouveau monde ; c’est tout bonnement un voyage mélancolique qui s’étend depuis Paris jusqu’à Abbeville. Un crêpe funèbre sur le visage, un mouchoir tragique à la main, Oïcoma quitte les murs de Paris et arrive à Saint-Denis, où commencent les soupirs, les lamentations, les pensées solennelles sur les tombeaux dispersés des grands, sur les ruines désertes, sur tout ce qu’on peut imaginer de la plus magnifique tristesse. Oïcoma est vraiment inépuisable en ce genre ; sa douleur ne se dément point et semble s’accroître à chaque ligne : elle apostrophe les bois de Chantilly, les sites pittoresques de Beaumont, les remparts d’Amiens, le cimetière de Saint-Riquier, les ponts d’Abbeville, etc., etc. ; il n’y a pas d’objet qui ne fasse vibrer chez elle toutes les cordes de la sensibilité. Il ne faudrait pas s’aviser de rire, quand la voix de l’héroïne ne s’exprime qu’en plaintifs accents ; toutefois, nous qui ne sommes pas arrivé au même degré de sensiblerie que l’auteur, nous prendrons la liberté de lui faire observer qu’il est bien difficile de pleurer pendant deux volumes entiers, et que ce plaisir-là a des bornes comme tout autre. À travers ce fatras de poésie élégiaque en prose, on rencontre néanmoins de temps en temps quelques détails historiques, quelques souvenirs d’anciennes traditions, qui font d’autant plus de plaisir qu’on les trouve à côté des monuments qui les attestent, et la Picardie n’en manque point.

ULDARIC, ou les Effets de l’ambition, 2 vol. in-12, 1808. — Uldaric est un corrupteur qui ravit à son frère la souveraineté de la Bohême, et le confine dans une étroite prison, après lui avoir fait crever les yeux : tel est le début de l’ouvrage. La fin est un peu moins tragique : l’usurpateur ayant épousé une certaine Béatrix, la meilleure personne du monde, fait sortir son frère de prison, lui rend sa couronne ducale, et partage le gouvernement