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cynisme, de la débauche et de l’immoralité. Ses folies sont de froides sottises, racontées du ton le plus triste et le plus glacé. Si des folies nous passons aux amours, nous ne serons guère plus intéressés que nous n’avons été égayés ; quelques liaisons scandaleuses formées par le libertinage, continuées par habitude, abandonnées sans raison ou rompues sans regrets, voilà les amours de M. l’abbé. La seule aventure galante qu’on puisse remarquer sur les tablettes de notre édifiant héros, est la séduction d’une jeune personne qui finit par s’empoisonner, sans que cela trouble beaucoup le sang-froid du séducteur.

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CALPRENÈDE (de la). Voy. Lacalprenède.


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CAMUS (Pierre), évêque de Belley.


EUGÈNE, histoire grenadine, in-12, 1623.

L’évêque de Belley est encore l’auteur de cinquante autres romans de spiritualité et de morale. Le goût des romans était si prononcé depuis le commencement du XVIIe siècle, qu’on ne voulait lire autre chose. C’est ce qui engagea l’évêque Camus à comparer un si grand nombre de romans de morale pour détourner de la lecture de certains livres dangereux. Toutefois, l’évêque de Belley, malgré toute l’austérité de ses mœurs, n’a pu se dispenser de mettre dans ses romans des situations fort tendres. Tous ces romans sont aujourd’hui oubliés, et avec raison.

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CARNÉ (L. de).


GUISCRIFF, scènes de la terreur dans une paroisse bretonne, in-8, 1835. — Ce roman est précédé d’une notice sur la chouannerie qui lui sert de prologue. Les acteurs principaux du drame sont : un curé constitutionnel qui, après avoir prêté le serment exigé, se trouve, de concession en concession, et par la pente irrésistible d’une fausse position poussé jusqu’à l’oubli de ses devoirs de prêtre, jusqu’au crime et à la trahison la plus infâme envers son prédécesseur, vieux et vertueux prêtre qui a préféré la déportation à l’apostasie. Le caractère du curé Melven est bien tracé, ainsi que celui de Bonaventure, robuste et zélé partisan ; de Florent, ancien comédien sifflé, bâtard d’un grand seigneur, qui fait expier à l’ordre social qui s’écroule les martyres de son ambition déçue et de son amour-propre froissé. En général, il y a dans ce roman du naturel et de la vérité, et une observation presque érudite des mœurs et des superstitions de la Bretagne.

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