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MAZEPPA, nouvelle. — On sait que Mazeppa, qui fut si fidèle à Charles XII, et qui périt si misérablement, était Polonais. Surpris dans une intrigue galante avec la femme d’un gentilhomme, il fut attaché sur un cheval indompté ; ce cheval, qui était né dans l’Ukraine, y reporta Mazeppa, mourant de faim et de douleur. Rendu à la vie, Mazeppa par son courage, devint bientôt l’hetman des cosaques de l’Ukraine. C’est l’histoire de ses amours et de la terrible punition qui les suivit qu’il raconte au roi de Suède, lorsque, fuyant ensemble après la bataille de Pultawa, ils cherchaient à gagner le rivage du Borysthène.

LA FIANCÉE D’ABYDOS, roman poétique en deux chants. — La Fiancée d’Abydos est l’un des poëmes les plus réguliers de lord Byron. La belle Zuléïka, nourrie avec Sélim, qu’elle croit son frère, a conçu pour lui un amour aussi vif qu’innocent. Mais Sélim ne devait pas le jour au père de Zuléïka, au pacha Giaffar ; Sélim était le fils d’Abdallah, que Giaffar son frère a empoisonné pour s’emparer de son héritage. Par un de ces mouvements de pitié qui se glissent dans l’âme des tyrans les plus féroces, comme malgré lui, Giaffar a épargné son neveu, et l’a fait élever dans le sérail, sous le nom de son propre fils, mais il semble se repentir d’avoir reculé devant un dernier crime, et chaque jour il menace Sélim. Cependant celui-ci sait et quelle est sa naissance, et quelle fut la mort tragique de son père : un esclave fidèle lui a révélé ce mystère d’horreur ; plusieurs fois il fut tenté de venger le sang par le sang, mais Giaffar est le père de Zuléïka. Sélim, pour échapper au sort qui l’attend, forme le hardi projet d’enlever Zuléïka : tout est préparé ; des pirates gagnés doivent recevoir les deux amants sur leur esquif. À minuit, Zuléïka se rend dans une grotte dont l’issue donne sur le rivage de la mer : elle ignore les desseins de celui qu’elle regarde comme son frère. Bientôt Sélim paraît, il se jette aux genoux de sa bien-aimée, lui raconte sa destinée, ses craintes, son espoir, ses projets. Zuléïka attendrie consent à partager son sort ; ils vont donc fuir ensemble. Mais le soupçonneux Giaffar épiait les démarches de Sélim : il s’avance suivi de ses soldats. Sélim, quoique seul, parvient à gagner la mer ; déjà la chaloupe allait le recevoir ; mais prêt à s’y jeter, il s’arrête pour voir encore Zuléïka : en ce moment une balle l’atteint et le renverse sans vie. Zuléïka ne lui survécut pas. — Ce poëme est un des plus vraisemblables et des plus intéressants de lord Byron. Les sentiments qu’éprouve Zuléïka pour Sélim, qu’elle aime avec l’innocence d’une sœur et la tendresse d’une amante, et la touchante erreur de la nature trompée, répandent beaucoup de charmes sur la première partie ; la seconde est admirablement terminée par la mort de Sélim.