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tour, blessé, fait prisonnier, chargé de fers et jeté dans un cachot ; pendant sa courte victoire il a sauvé des flammes la belle Gulnare, la favorite du pacha. Celle-ci vient le trouver dans son cachot, le délivre, et fuit avec lui. Conrad s’embarque avec sa libératrice, et regagne son île où Médora venait de rendre le dernier soupir. Le corsaire s’éloigne en répandant des larmes ; depuis il n’a plus reparu, non plus que la belle Gulnare.

LARA, roman poétique en deux chants. — Nous retrouvons Conrad et Gulnare dans Lara, quoiqu’ils n’y soient pas clairement désignés ; sans cette supposition Lara ne serait qu’une énigme sans mot. Conrad est donc retourné dans sa patrie ; il a repris le nom de ses ancêtres et est rentré dans leurs domaines héréditaires. On ignore quelle fut la vie de Lara pendant sa longue absence, et l’on ne forme que de vagues soupçons sur un page qui l’accompagne toujours, et dont les mœurs et le langage paraissent étrangers. Lara semble poursuivi par de continuelles terreurs et cherche la solitude. Cependant, invité à une fête par un seigneur voisin, il s’y rend, et est reconnu par un chevalier qui, en le voyant s’écrie : C’est lui. Lara lui demande raison de cette exclamation, le chevalier lui répond qu’il la lui donnera le lendemain devant les seigneurs assemblés ; il sort, Lara le suit, l’assassine, et jette son corps dans une rivière voisine. Bientôt Lara, impatient de son oisiveté, appelle à la révolte et à la liberté les vasseaux des seigneurs voisins, se met à leur tête, et, d’abord vainqueur, est ensuite vaincu et blessé à mort. — La douleur de Gulnare, en recevant le dernier soupir de son maître et son amant, est fort bien exprimée ; l’excès de sa tristesse est surtout admirablement dépeint par ce trait fort simple : « On déchira ses vêtements pour rappeler la vie dans ce cœur qui n’avait plus même le sentiment de sa peine. On découvrit une femme : Kaled revient à elle et ne rougit pas. » Il y a beaucoup de force et de délicatesse dans ce peu de mots.

PARISINA, nouvelle. — Parisina est l’épouse chérie du prince Azo, mais elle brûle d’amour pour un autre ; le complice de ses feux adultères est le jeune et vaillant Hugues, propre fils du prince Azo, qui apprend bientôt la vérité : une nuit que Parisina goûtait les charmes d’un sommeil trompeur, Azo l’entend qui, dans les illusions d’un rêve fatal, adressait au jeune Hugues quelques-unes de ces douces paroles qu’une femme ne doit adresser, même en rêvant, qu’à son mari. Certain de son déshonneur, Azo condamne Hugues et Parisina au dernier supplice. Hugues perdit la vie le jour même ; on ne sait si Parisina perdit aussi la vie ou si elle expia son crime dans l’ennui d’un cloître. — Cette nouvelle est considérée comme le chef-d’œuvre de lord Byron.