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de la reine mère et de Mazarin. Il en sortit huit mois après pour cause de maladie, et fut exilé dans sa terre de Bourgogne, où il passa dix-sept ans à cultiver les lettres. Bussy employa le temps de sa disgrâce à retracer les aventures galantes de mesdames d’Olonne et de Chastillon, ouvrage qui s’augmenta graduellement des prouesses d’autres héroïnes, et auquel on adjoignit de nouveaux noms ; on y ajouta aussi des appendices, et le miroir fut si bien élargi que chacun put s’y voir, depuis le grand Alcandre prêtant ses mains royales à l’accouchement de la duchesse de la Vallière, jusqu’au fermier Béchamell prenant à bail la maréchale de la Ferté. L’esprit, la gaieté, l’ironie légère, l’expression nette des portraits, le piquant des anecdotes, rien ne manque à cette histoire ou roman, écrit avec le style d’un homme de qualité, comme le disait la marquise de Sévigné, et ce laisser-aller de la conversation qui semble ouvrir au lecteur les portes d’un salon. Bussy eut l’imprudence de confier son portefeuille pendant vingt-quatre heures ; on lui en déroba une copie qui devint l’original de beaucoup d’autres. Bientôt le manuscrit se multiplia sous la presse, et chacun put lire l’Histoire amoureuse des Gaules. L’édition de Cologne (4 vol. in-12, sans date) est augmentée des Amours des dames illustres, mal à propos attribués à Bussy ; on y trouve aussi la France galante et la France italienne, par Sandras de Courtils.

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BYRON (Leo. Noël Gordon, lord), célèbre poëte anglais,
né le 22 janvier 1788, mort à Missolonghi le 19 avril 1824.


Dans le nombre des romans poétiques qui font partie des œuvres de lord Byron, on distingue les suivants :

LE CORSAIRE, roman poétique en trois chants, traduit par E. de Salle. — On prétend que lord Byron a donné quelques traits de son propre caractère à l’esprit sauvage, mais noble encore dans sa dégradation, du corsaire Conrad. Conrad apprend qu’une flotte turque s’avance pour détruire son repaire. Résolu de prévenir le danger et d’attaquer le premier des Turcs, il quitte Médora, sa maîtresse chérie, tourmentée par de noirs pressentiments que lui même partage. Déguisé en derviche, il se rend seul dans le camp de son ennemi, le pacha Séide, qui a relâché dans la baie de Coron, où il donne une fête en attendant le vent favorable. Conrad, introduit devant le pacha, lui dit qu’il arrive furtif de l’île du Corsaire, et lui fait quelques contes jusqu’à ce que ses soldats fassent le signal convenu. Alors il dépouille le costume de derviche, tire son sabre, tombe sur la garde du pacha et la disperse en un instant. Bientôt ses compagnons arrivent et mettent le feu au palais ; mais Conrad, un moment vainqueur, est vaincu à son