Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 17.djvu/948

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elles l’ont conduit à substituer aux anciennes classifications des tremblements de terre une classification nouvelle où les séismes sont rangés par ordre de violence, et où celle-ci est mesurée très exactement par l’accélération maxima imprimée par le séisme étudié à un point du sol.

Omori a constaté, au moyen de ses appareils, que les tremblements de terre légers si fréquents au Japon correspondent à des accélérations inférieures à 1 centimètre par seconde. Les valeurs de plusieurs centimètres correspondent déjà à des séismes moins fréquents et plus violents. Au delà de 100 centimètres d’accélération, le séisme est violent. Pour une accélération de 120 centimètres, un quart des cheminées d’usine sont endommagées, les maisons de briques mal construites sont détruites, les tuiles des toits sont déplacées. Pour une accélération de 200 centimètres, toutes les cheminées d’usine sont brisées, et presque toutes les maisons en briques. Pour 250 centimètres, environ 3 pour 100 des maisons de bois sont détruites et beaucoup de murs de maçonnerie endommagés. Les voies ferrées sont tordues, etc. L’eau des rivières est projetée sur les bords. Pour une accélération de 400 centimètres, près de 80 pour 100 des maisons de bois sont détruites, les routes sont crevassées et défoncées, les tombes retournées, les champs bouleversés, etc.

Enfin, pour les accélérations supérieures à 4 mètres par seconde, toutes les constructions sont détruites et il se produit d’énormes glissements de terrain. La plus forte accélération observée dans le passé par Omori fut de 4m,30, dans le grand tremblement de terre de Mino-Owari. Mais il y a beaucoup de chance pour que ce chiffre ait été dépassé lors du cataclysme du 1er septembre. Nous manquons encore de données à ce sujet ; mais nous savons déjà que, tandis que dans les 5 jours qui suivirent le séisme de Mino-Owari (1891) on enregistra 808 chocs postérieurs à la secousse principe, 808 après-chocs (si j’ose traduire ainsi l’expression after shocks des Anglais), l’Observatoire central de Tokyo a enregistré 1 039 après-chocs entre le 1er septembre à midi et le 6 septembre dernier. Tout cela tend à prouver que, au moins en ce qui concerne la composante verticale, le séisme du 1er septembre est sans précédent depuis que des sismographes fonctionnent au Japon.

Parmi les questions accessoires que soulèvent les tremblements de terre, il en est une qui a beaucoup passionné le public depuis Quelque temps. Peut-on prédire, peut-on annoncer d’avance les