Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 17.djvu/947

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si l’on s’en rapporte aux enregistrements obtenus antérieurement au Parc Saint-Maur, il semble que, pour l’amplitude des mouvements, le tremblement de terre japonais du 1er septembre dernier ait été dépassé au moins une fois : lors du tremblement de terre de Chine qui en 1920 ravagea la province de Kan-Sou, tuant on n’a jamais su exactement combien de dizaines de milliers de personnes et qui se manifesta au Parc Saint-Maur par des mouvements réels du sol dont l’amplitude dépassa probablement 2 millimètres. Je dis probablement, car le choc fut si violent que les plumes de sismographes, lesquelles sont disposées pour amplifier et multiplier fortement les mouvements réels du sol, furent, en cette circonstance, projetées en dehors de leur champ d’inscription.

Il convient de remarquer d’ailleurs que le caractère plus ou moins destructeur des tremblements de terre dépend moins de l’amplitude des mouvements du sol que de l’accélération de ces mouvements, l’accélération étant, comme on sait, et si j’ose risquer cette définition simpliste, la rapidité avec laquelle la vitesse varie.

Supposons une table chargée de vaisselle. Si je soulève son coin progressivement de dix centimètres, mais assez lentement, de telle sorte que la durée de ce mouvement de soulèvement soit de quelques secondes, la vaisselle sera peut-être un-peu déplacée et glissera légèrement sur la table. Mais si je recommence l’expérience, si je soulève de nouveau le coin de cette table de dix centimètres, mais très vile, très brusquement, de telle sorte que la durée de ce mouvement de soulèvement soit d’un dixième de seconde tout au plus, toute la vaisselle sera violemment projetée et sans doute réduite en miettes. Dans ces deux expériences, les amplitudes du mouvement ont été identiques ; ce qui a différé de l’un à l’autre cas, c’est l’accélération de mouvement. Cette accélération (quantité dont la vitesse varie en une seconde) qui était d’un ou deux centimètres dans la première expérience, était dans la seconde expérience égale à un mètre (1 décimètre en 1 dixième de seconde = 1 mètre par seconde).

Cet exemple simple nous aide à concevoir comment et pourquoi ce qui agit dans les séismes, c’est l’accélération des mouvements bien plus que leur amplitude. Malheureusement, les sismographes actuels, ou du moins la plupart d’entre eux, ne donnent pas directement l’accélération des mouvements qu’ils enregistrent. Les meilleures expériences qui aient été réalisées sur ce point délicat et important sont celles qu’a faites, au moyen d’ingénieux dispositifs expérimentaux, le professeur japonais Omori.