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station, et a fortiori dans deux, permettent, par recoupement des cercles correspondants avec le premier, de savoir exactement, non seulement la distance, mais la position exacte sur la carte du centre cherché.

Il existe d’ailleurs un moyen ingénieux, indiqué naguère par l’éminent sismologue russe qu’était le prince Galitzine, de déduire des données d’une seule station, à la fois la distance et la direction (c’est-à-dire la position exacte) du centre sismique.

Galitzine a remarqué et établi, en effet, que le premier déplacement enregistré par les appareils, la première onde, l’onde frontale qui leur arrive, est dirigée exactement suivant le rayon sismique qui réunit la station d’observation au centre sismique. Autrement dit, cette onde initiale se propage dans le plan déterminé par la station, le centre sismique et le centre de la Terre. Or, il y a dans les stations certains sismographes qui donnent la composante Nord-Sud des ébranlements reçus ; il en est d’autres qui donnent leur composante Est-Ouest. Les valeurs de ces composantes pour l’onde initiale, déterminent immédiatement la direction de ce plan, c’est-à-dire la direction du grand cercle terrestre sur lequel, d’un côté ou de l’autre, et à la distance calculée comme nous avons dit, se trouve le centre d’ébranlement cherché. Des deux positions ainsi trouvées, laquelle est la bonne ? Pour le savoir, il suffit de considérer les enregistrements fournis par un troisième sismographe, qui donne la composante verticale de l’ébranlement reçu. Selon que le premier mouvement du sol à la station a été vers le haut ou vers le bas, on en déduit aussitôt, sans ambiguïté, laquelle des deux positions est la bonne.

Le dépouillement des sismogrammes obtenus au Parc Saint-Maur, le 1er septembre dernier, se poursuit actuellement sous la direction de l’éminent sismologue qu’est M. Eblé, et n’est pas encore terminé. Tout ce qu’on en peut dire, d’après les mesures déjà faites, c’est qu’il indique que le sol, au Parc-Saint-Maur, a subi dans le sens Nord-Sud et par rapport à sa position d’équilibre, un déplacement réel d’environ 0,7 millimètre, et dans le sens Est-Ouest, un déplacement d’environ 0,6 millimètre, ce qui correspond à des déplacements totaux d’environ 1 mm 4 et 1 mm 2, dans les deux directions principales. C’est peu, si on compare cela aux ébranlements réels que cause dans les rues où il passe le moindre autobus. C’est beaucoup, si l’on songe que c’est là ce qui restait encore, à près de 10 000 kilomètres de distance, du mouvement subi par le sol du Japon.