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avec autorité le professeur Charles Maurain, possède aux environs de Paris un observatoire sismologique très outillé qui se trouve au Parc Saint-Maur. On y eut aussitôt, avant même que le télégraphe n’en eût apporté la nouvelle, la notion qu’un tremblement de terre très violent s’était produit, grâce aux courbes fournies par les sismographes enregistreurs qui, au Parc Saint-Maur, notent d’une manière automatique et continue les mouvements du sol.

La théorie montre que lorsqu’un ébranlement mécanique violent se produit près de la surface de la terre et dans son écorce, il doit en résulter trois sortes d’ondes qui émanent du centre d’ébranlement : 1° des ondes longitudinales (analogues donc aux ondes sonores) ; 2° des ondes transversales, un peu moins rapides dans leur mouvement de propagation que les précédentes ; 3° enfin, en outre de ces deux sortes d’ondes qui se propagent d’un point à l’autre de la terre, par exemple du Japon à Paris, à travers l’épaisseur du globe, il existe une troisième sorte d’ondes encore plus lentes que les précédentes et qui se propagent en suivant la courbure de la terre, à la surface de celle-ci.

Effectivement, les sismographes enregistrent, dans le cas d’un tremblement de terre lointain, trois sortes de vibrations qui ne leur parviennent pas en même temps, et que l’on est convenu, — l’expérience étant, pour une fois, à peu près d’accord avec la théorie, — de considérer comme les trois sortes d’ondes prévues par celle-ci.

Quelles sont les vitesses de propagation de ces ondes : l’expérience montre que, du moins aux distances faibles, les ondes les plus rapides ont une vitesse d’environ 7 kilomètres par seconde, les ondes deuxièmes une vitesse d’environ 4 kilomètres par seconde et les dernières ondes une vitesse d’environ 3,8 kilomètres par seconde. Mais ces vitesses ne sont pas constantes, du moins pour les deux premières sortes d’ondes, et quand le tremblement de terre est lointain, on trouve des vitesses plus grandes. Cela est compréhensible. A mesure que les ondes qui émanent d’un centre sismique donné vont, à travers l’épaisseur de la terre, jusqu’à des points de plus en plus éloignés de ce centre, elles traversent des couches terrestres de plus en plus profondes. Or, la terre n’est pas homogène. La densité et l’élasticité des couches qui la constituent varient à mesure qu’on s’éloigne de la surface. La vitesse de propagation des ondes qui traversent un milieu, dépend de ces données. Il s’ensuit que la vitesse moyenne des ondes sismiques, ayant traversé l’épaisseur du globe, n’est pas la même, suivant qu’elles viennent de plus ou moins