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apporté le souvenir. Mais je me demande si, en concluant ainsi, je ne pécherais pas par témérité et immodestie d’homme moderne, contempteur trop audacieux du laudator temporis acti.

Voici en effet ce que je lis dans une revue, s’occupant de sciences psychiques, et qui est datée d’août 1923... je dis bien 1923 : « Pourquoi la terre tremble ? La Terre, être vivant et organisé, travaille sans cesse à son évolution, sans se préoccuper des « parasites » qui l’habitent. L’Homme, orgueilleux et têtu, se croyant toujours le le maître du monde, s’immobilise sur cet être puissant, toujours en activité.

« La formidable organisation de la Terre échappe à l’Homme qui ne songe pas un instant à garer sa frêle enveloppe des points où s’exécute le travail prodigieux de cette énorme force, qu’est la Terre toujours en mouvement.

« Et lorsque la Terre, laborieuse, a esquissé une partie de sa lourde tâche, elle se révolte contre l’inertie des hommes et leur crache, en pleine face, son dégoût. »

J’ai reproduit ce texte suggestif sans en rien changer, pas même les majuscules dont il daigne honorer ce minuscule, l’Homme. Si donc la terre tremble, c’est parce qu’elle est dégoûtée de l’homme. Il restera à expliquer pourquoi elle en est plus dégoûtée au Japon qu’ailleurs. Je ne doute point que l’explication ne soit aisée.

Et ceci prouve qu’il ne faut jamais, par des comparaisons fallacieuses et superficielles, traiter avec mépris les idées qu’avaient, sur la nature des choses, nos aïeux d’il y a peu de siècles.

Mais revenons au séisme du 1er septembre dernier. Il s’est produit sur la côte orientale du Japon, là où le littoral est en bordure des grandes profondeurs de l’Océan Pacifique, et correspond précisément à une des lignes de dislocation de l’écorce. Si l’on se reporte à la carte séismique du Japon qu’a publiée Davison, on observe d’ailleurs, et en accord avec ce qui vient d’être dit, que la fréquence des séismes, ou du moins l’abondance des épicentres, est beaucoup plus grande en moyenne dans la partie orientale du Japon (où se trouvent précisément Tokyo et Yokohama) que dans la partie occidentale qui est en bordure de la mer du Japon.

Nous avons dit que le séisme du 1er septembre s’est produit, alors qu’il était environ midi au Japon. Étant donné la différence des longitudes, l’Europe était à ce moment encore plongée dans la nuit.

L’Institut de Physique du globe de l’Université de Paris, que dirige