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centes situées au-dessous. Un plus petit nombre des tremblements de terre a son origine dans les volcans actuels. Quelques-uns des tremblements de terre sont produits par la fracture soudaine des couches rocheuses ou par la formation de fissures. »

Cette théorie volcanique est maintenant en général abandonnée et on n’admet plus qu’elle donne la cause principale, ni même une cause importante des séismes, bien qu’elle soit valable dans certains cas.

Aujourd’hui, on attribue à peu près généralement les tremblements de terre à une origine tectonique. Ce changement de point de vue a été amené surtout par les travaux de M. Montessus de Ballore, mort il y a quelques semaines, et du célèbre géologue autrichien Suess. Tous deux ont démontré la relation intime qui existe entre les lignes de faible résistance de l’écorce terrestre et la distribution des foyers sismiques. M. Montessus de Ballore a attaqué le problème sur une vaste échelle au moyen de données s’étendant sur tout le globe. Suess a limité et particularisé ses recherches en les bornant à certaines régions de l’Autriche, à la Calabre, etc. La plus frappante des démonstrations de l’exactitude de la théorie tectonique a été apportée par les déplacements du sol le long des lignes de dislocation pendant les tremblements de terre de Mino-Owari, de l’Assam et de Californie. Parmi les savants modernes qui ont approfondi encore et mené jusqu’à ses extrêmes limites cette démonstration, il faut citer en première ligne l’Anglais Davison et le Japonais Omori. L’origine tectonique des tremblements de terre peut être aujourd’hui considérée comme fermement établie… jusqu’à ce que, dans quelques décades, une autre théorie, momentanément encore plus ferme, se substitue à elle.

Que les séismes se produisent le long des lignes de dislocation de l’écorce terrestre, ce n’est guère douteux. Ce qui l’est davantage, c’est l’ensemble des causes premières de ces dislocations locales. Entre les savants qui vont chercher ces causes premières dans les variations barométriques, et plus haut encore, dans l’attraction luni-solaire, et ceux qui, les yeux obstinément baissés, se refusent à les voir ailleurs que sous leurs pieds, dans les vicissitudes physico-chimiques du noyau igné de la Terre, la conciliation n’est pas encore faite.

De tout cela je serais tenté malgré tout de conclure que nous avons quand même fait quelques progrès depuis les explications enfantines dont la mythologie, et les divers folklore nous ont