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l’écorce terrestre, reposant sur la masse ignée en fusion de l’intérieur du globe, s’affaisse parfois sur celle-ci, en craquant aux jointures, lorsque cette masse ignée cède et fuit sous elle par l’effet du refroidissement.

Avec Pythagore, — s’il est vraiment responsable de la théorie que lui attribue Claude Elien, — nous retombons dans les songes creux, puisqu’il rattache les tremblements de terre aux assemblées souterraines des mânes. Le célèbre géomètre montrait ainsi, — ce qu’on a revu depuis, — qu’on peut être bon mathématicien et médiocre observateur des choses physiques.

La théorie sismique qui a dominé toute l’antiquité et le moyen-âge et même une bonne partie des temps modernes est celle d’Aristote. Elle attribue les tremblements de terre aux vents souterrains que produit l’humidité du sol, sous l’influence de son évaporation par l’action des feux souterrains. Le « vent de la terre » ainsi produit fait trembler le sol, dès qu’un obstacle s’oppose à son mouvement. Cette étrange explication, cette théorie pneumatique, si j’ose dire, des séismes a persisté pendant 2 000 ans, malgré son absurdité et les objections évidentes, faciles, qu’elle soulevait. Telle était l’autorité du Maître.

Enfin, au XIXe siècle siècle, les découvertes géographiques mettaient en évidence le parallélisme, la relation intime existant entre la distribution des volcans et celle des tremblements de terre. Il devint aussitôt naturel d’attribuer ces derniers à l’énergie volcanique. Telle fut la vue qui domina le siècle dernier et prévalut jusqu’à il y a une vingtaine d’années. On en pourra juger par ce qu’écrivait, en 1889, le professeur Milne qui, par l’invention de ses sismographes, a mérité d’être considéré comme le père de la sismologie moderne : « Quoiqu’il soit facile de discuter les rapports existant entre les tremblements de terre et divers autres phénomènes, nous devons conclure que la cause première de ceux-là est endogène à notre terre et que les phénomènes exogènes, tels que les attractions du soleil et de la lune et les fluctuations barométriques, ne peuvent entrer que pour une faible part dans la production de ces phénomènes, leur plus grand effet ne pouvant être que de causer une légère prépondérance dans le nombre des tremblements de terre à certaines saisons. La majorité des tremblements de terre sont dus aux efforts explosifs des foyers volcaniques. La plupart de ces explosions ont lieu au-dessous de la mer et sont probablement dues à la pénétration de l’eau à travers les fissures du fond, et jusqu’aux roches incandes-