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de résonance analogue à ceux que j’ai décrits ici même récemment à propos des marées, et qui lie la période de certaines ondes sismiques à la longueur des balanciers que constituent les murs des maisons, et qui sont mis en mouvement par ces ondes.

Le feu à Tokyo a détruit une grande partie de l’Université impériale et notamment les 700 000 volumes de sa bibliothèque.

Au début du phénomène, le choc fut relativement modéré à Yokohama, et assez semblable à ceux qu’on ressent très couramment au Japon. Puis, soudain, survint une sorte de mouvement tournant, un de ces déplacements tourbillonnaires du sol que les sismologues italiens ont depuis longtemps catalogués, et qui presque instantanément jeta à bas toutes les maisons.

Il est maintenant établi que plusieurs des nouvelles télégraphiées dès les premières heures après le désastre étaient erronées. Il n’y a eu aucune éruption dans les îles Oshima, et ceci prouve une fois de plus l’indépendance absolue des séismes et des phénomènes volcaniques. D’autre part, il est inexact qu’une des îles voisines de la péninsule d’Izv ait été engloutie.

Je passe sur les scènes de désolation, qui ont accompagné ce tremblement de terre, sur les ruines et les larmes qui lui font cortège. Ce sont là des choses qu’il ne m’appartient pas de commenter, rivé que je suis à la galère de la technique, et à cet objectivisme glacé dont l’homme de science doit masquer ses pensées. Et puis je me souviens de cette spirituelle recommandation qu’on me fit naguère à propos de je ne sais plus quel voyage dont je devais entretenir mes lecteurs : « Surtout voyez les choses en scientifique, et ne nous envoyez pas des couchers de soleil… »

Laissant donc de côté tout le côté purement humain et anthropo¬ centrique de cette tragédie géologique, je voudrais maintenant examiner rapidement ce qu’elle nous a appris du point de vue de la mécanique et de la physique.

Depuis le 4 novembre 1854, l’Empire du Japon n’avait subi aucun tremblement de terre, — non pas même celui de 1891, — qui pût être comparé en intensité et puissance destructive à celui qui survint le 1er septembre dernier aux environs de midi. Des secousses semi-destructives ou des secousses capables de jeter bas les cheminées ne sont pas rares dans les régions de Tokyo et de Yokohama. Parmi les plus importantes de ces dernières années on a noté celles du 22 février 1880, du 20 juin 1894, du 8 décembre 1921, du 26 avril 1922. La première de ces secousses offre cet intérêt particulier d’avoir