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vous parti, il se rappellera encore le chemin de ma maison. Ces saintes gens aiment beaucoup les banques.

M. Noblet avait raison. Au bout d’une demi-heure, le balayeur parut. Je le fis asseoir et lui dis :

— Nous sommes des amis. Parlez-moi de Chems-eddin.

Il était si content de mon amitié que, comme je voulais prendre une allumette, il saisit ma main au vol et, avec grande révérence, la baisa.

— Oui, continuai-je, je ne comprends pas le rôle de Chems-eddin auprès du grand Djelal-eddin. Est-il son maître ou son élève ?

— Chems-eddin avait déjà beaucoup médité et voyagé. Un jour il se dit à lui-même : « J’ai besoin de trouver une âme avec qui causer sur les choses de la création. » Il eut un rêve, et ce rêve lui dit : » Il faut que vous alliez à Konia pour y trouver Djelal-eddin. » Chems-eddin a quitté son pays ; il est venu à Konia ; on lui a dit que Djelal-eddin n’aimait pas les derviches qui s’habillaient mal. Alors il s’est mal habillé, et quand il a vu passer Djelal-eddin dans sa gloire, entouré de ses élèves et monté sur un mulet, il l’a abordé et lui a dit : « Est-ce que Mahomet est plus grand que Bayézid Bastami ? »

— Permettez-moi de vous interrompre. Pourquoi Chems-eddin s’est-il habillé mal ? Il voulait déplaire à Djelal-eddin ?

— Non, c’était pour attirer son attention et pouvoir lui poser une question. S’il s’était habillé comme tous les autres, il n’aurait pas attiré son attention et n’aurait pu l’approcher dans la rue.

— Très bien ! Continuez. Vous dites que Chems-eddin a demandé à Djelal-eddin : « Est-ce que Mahomet est plus grand que Bayézid Bastami ? » Qu’a répondu Djelal-eddin ?

— Djelal a répondu : « Mahomet est un prophète comme Isaac, mais Bayézid est un homme comme les autres. » — « Alors, continua Chems-eddin, comment se fait-il que Mahomet ait dit : Sois glorifié, tandis que Bayézid a dit : Que je sois glorifié ! » (Ce qui signifiait qu’il se divinisait.) Cette question ainsi posée a fait penser à Djelal-eddin que Chems-eddin était un grand esprit, et sur la minute il se sentit disposé à le prendre pour maître et ami. Cependant il devait répondre, et il répondit : « Bayézid est comme un enfant qui voit un verre d’eau et qui croit que c’est une mer, mais Mahomet est comme