Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 17.djvu/509

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le Courrier du Dimanche ne vécut que quelques années, Édouard Hervé, qui devait fonder le Soleil, le premier journal politique à un sou, et J.-J. Weiss y firent leurs débuts, ou à peu près. On connaît la carrière d’Hervé qui, devenu membre de l’Académie française, y fut remplacé par Deschanel, et sa constante fidélité au parti monarchique. Celle de J.-J. Weiss fut plus ondoyante et flexible ; il fut en effet, suivant les circonstances, tantôt monarchiste, tantôt républicain, et même, à un moment, bonapartiste. Quand il changeait de parti, c’est qu’il avait un grief. « La république conservatrice, c’est tout simplement une bêtise, » écrivait-il un jour, ce qui ne l’empêcha pas, deux ou trois années après, de répondre à quelqu’un qui lui demandait combien de temps, suivant lui, durerait la République : « Oh ! pas très longtemps : deux ou trois cents ans, tout au plus. » Cette inconsistance de propos, un certain débraillé dans sa tenue extérieure lui firent du tort. Il se présenta tardivement à l’Académie française, à un moment où il commençait à être un peu oublié, en même temps qu’Eugène-Melchior de Voguë, qui fut nommé. Il mourut peu de temps après.

Le Courrier du Dimanche fut supprimé,— c’était avant le décret du 24 novembre, — à la suite d’une phrase assez maladroite qui échappa à la plume de Prévost-Paradol et où on crut voir une grossièreté à l’adresse de l’Empereur. J’avais eu le temps d’y écrire un article, le second écrit sorti de ma modeste plume, car le premier avait paru dans le Journal de la Meurthe et des Vosges, aujourd’hui disparu et qui était l’organe des libéraux de Lorraine. Je connaissais déjà la démangeaison d’écrire. Après des études classiques poursuivies au lycée Louis-le-Grand, — où j’étais envoyé par le collège Sainte-Barbe, — depuis la cinquième jusqu’à la rhétorique, j’avais commencé mon droit et je faisais, comme étudiant, partie de ce qu’on appelait la jeunesse libérale. Il n’y en avait du reste point d’autre qui manifestât une existence collective, la jeunesse catholique, qui est aujourd’hui une organisation importante, n’existant pas encore comme groupement. La jeunesse libérale manifestait son esprit dès le collège, et, bien que le gouvernement de l'Empire lui fit des avances, elle ne perdait aucune occasion de traduire son opposition. C’est ainsi qu’à une distribution des prix du Concours général qu’on donna à présider au Prince