Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 17.djvu/457

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec zéro comme stock, et la minime production mensuelle de mille jumelles, que le Service géographique assuma la tâche de parer sans délai à la crise excessive de l’optique. Le premier soin du directeur fut de rouvrir tous les ateliers indistinctement, et de remonter diligemment la construction, très courante à Paris, des jumelles dites de Galilée. De puissance inférieure à celle des jumelles à prismes, elles seraient, en attendant mieux, données aux sous-officiers d’infanterie à qui elles rendraient certainement de grands services. Elles étaient d’ailleurs parfaitement admises par l’Angleterre qui s’inscrivait chez nous pour de fortes quantités. On a vu également le développement presque incroyable qu’avait déjà pris, sous l’impulsion du Service géographique, la fabrication des jumelles en 1916. La progression fut telle qu’en 1918, la production totale atteignit le chiffre quasi fantastique de 950 000.

Sur ce nombre, la France en avait octroyé à ses alliés les quantités suivantes :

A l’Angleterre............... 215 000

A l’Italie.................. 230000

A la Russie................. 79 000

A l’Amérique................ 15000

A la Belgique............... 3 500

A la Grèce............... ... 2500

A la Roumanie............... 2500

et des quantités moindres, mais cependant sérieuses, à la Serbie, au Portugal et à l’armée polonaise.

Concurremment à ces jumelles portatives, une autre, depuis longtemps en usage chez les Allemands, était absolument indispensable à l’artillerie de campagne et aux canons courts de l’artillerie lourde, pour l’observation continue aux distances moyennes. Ses propriétés particulières consistaient en la réunion d’un grossissement de douze à seize fois, d’un vaste champ visuel et d’un relief très accentué des objets. Cet instrument, d’une longueur de cinquante centimètres, portait le nom de lunette binoculaire ; plus communément, on disait jumelle-ciseaux, parce que ses branches s’étendaient jusqu’au parallélisme et se refermaient à la manière d’une paire de ciseaux ; la troupe, dans son langage imagé, l’appelait « la bête à cornes, » en raison de ce qu’elle figurait une ramure quand elle était dressée sur son trépied. De ces lunettes binoculaires, la section