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Maintenant que le personnel de la Section technique a été dispersé par la mobilisation, l’optique est entrée dans les attributions de l’arsenal de Puteaux. Celui-ci fait ce qu’il peut. Mais il ne peut pas grand chose dans cette spécialité. Non seulement il est surmené par les commandes urgentes de canons, de projectiles, d’affûts de toute sorte, mais encore le colonel-directeur doit suivre rigoureusement les instructions du ministère. Et quand ce dernier sera à Bordeaux, c’est à Bordeaux qu’il faudra en référer pour obtenir des livraisons de jumelles qui, toutes, au fur et à mesure de leur réception à Puteaux, sont acheminées sur Bourges où en est tenue la comptabilité !

Aux derniers mois de 1914, on peut évaluer à vingt ou vingt-cinq jumelles, par jour, la production totale des trois ou quatre fabriques rouvertes lentement, l’une après l’autre, et travaillant misérablement parce qu’on manquait presque de tout, principalement d’ouvriers professionnels, les valides étant tous mobilisés. Il faut bien reconnaître que l’arsenal de Puteaux était matériellement dans l’impossibilité de donner à l’optique l’impulsion vigoureuse nécessaire, d’autant plus que la France était à présent sollicitée d’en pourvoir ses alliés. Ni l’Angleterre, ni la Russie, ni l’Italie, encore moins préparées que nous, ni l’Amérique, ne possédaient l’équivalence de notre modeste outillage. Dans ces conditions, on n’apercevait guère la solution du problème angoissant de livrer aux armées, en nombre suffisant, le matériel d’optique réclamé avec une émouvante insistance par le haut commandement.

C’est alors que le général Bourgeois offrit au ministre de prendre au Service géographique le contrôle direct et indépendant des diverses fabrications d’optique. Grosse affaire : il s’agissait de toucher à l’arche sainte des prérogatives ! Toutefois, le ministre comprit que toutes les armes, — et non plus seulement l’artillerie, — se servant maintenant d’instruments d’optique, aucune raison ne subsistait pour que l’artillerie en conservât la régie exclusive, et que, tout au contraire, leur fabrication gagnerait à être entre les mains d’une administration, pour ainsi dire neutre, telle que le Service géographique.

Du jour où sa nouvelle coopération fut agréée par le ministre, le Service géographique se mua partiellement en une vaste entreprise de fournitures de guerre, menée comme par un administrateur délégué aussi soucieux de satisfaire sa