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par le son, avec en plus, cependant, la détermination du son en hauteur. La différence des éclatements enregistrés par de multiples microphones écouteurs a permis, non seulement de calculer la vitesse du vent qui était celle de l’aérostat, mais aussi de discerner parfaitement la distance latérale et la distance longitudinale. Il n’apparait pas que l’ennemi ait jamais soupçonné l’objet de cette petite pyrotechnie aérienne. Peut-être a-t-il cru que c’étaient des coups de fusil isolés. On n’a d’ailleurs aucune connaissance d’un moyen quelconque qu’il eût employé pour apprécier la valeur du vent dans les sphères interdites à l’observation visuelle.

Essentielle était aussi la prévision du brouillard. L’atterrissage dans le brouillard est, sauf miracle, la mort certaine de l’aviateur. Le refroidissement de l’air, dans des conditions particulières de l’atmosphère, est l’indice qui permet de calculer l’heure où le pilote doit atterrir avant d’être enveloppé par le brouillard. Il est à peine besoin de noter que la prévision de la direction du vent intervenait logiquement dans les attaques précédées de gaz toxiques. Il importait au premier chef qu’elles n’eussent pas lieu à l’heure où le vent ferait volte-face et retournerait le fluide mortel sur les envoyeurs.


LA CRISE DE L’OPTIQUE


Malgré le poids des responsabilités d’ordre presque purement scientifique qu’il avait déjà prises, le général Bourgeois crut devoir, dès 1915, attirer à lui le contrôle d’une fabrication de guerre qu’il jugeait susceptible d’un plus grand développement. Il s’agissait des instruments d’optique dont la construction relève mi-partie de la science, mi-partie de l’industrie. Là, sa maîtrise administrative s’affirma dans toute son ampleur. Deux faits qu’il suffira d’énoncer en fournissent l’attestation frappante. Premièrement : si nous prenons, entre autres, les jumelles de guerre, nous verrons qu’au moment où elles passèrent aux mains du Service géographique (février 1915), leur production mensuelle, qui se chiffrait par mille pièces à peine, atteignit progressivement, en 1916, le nombre fabuleux, en l espèce, de 25 000 par mois. Deuxièmement : produire de grandes quantités, c’était déjà bien, vu l’urgence ; mais produire beaucoup, et à très bon compte, c’était infiniment mieux. N’est-ce pas, d’ail-