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science météorologique. Dès le commencement de la guerre, trois services météorologiques, l’un sur le front, l’autre rue de Grenelle au Service géographique, le troisième à l’Office civil ordinaire, contribuaient à renseigner les armées sur les prévisions du temps. Afin de centraliser toutes les indications utiles et de coordonner les méthodes, fut créée, en 1917, sous les ordres du général Bourgeois, une direction unique des services météorologiques, chargée de communiquer plusieurs fois par jour, aux armées intéressées, les pronostics atmosphériques dont le prix se conçoit aisément.

L’époque d’une attaque générale, on le sait, est fixée assez longtemps d’avance par les considérations stratégiques, liées souvent elles-mêmes à des combinaisons politiques. Toutefois, l’heure du déclenchement peut, en dernier ressort, être retardée selon la teneur du bulletin météorologique qui, toutes les six heures de jour et de nuit, par le télégraphe et par téléphone, fournit au haut commandement des indications sur le temps qu’il fait, et ses changements probables partout sur le front. Les grandes perturbations viennent de l’Océan. Leur apparition, leur développement éventuel, étaient déduits de quelque trois cents dépêches ou câblogrammes reçus journellement de presque tous les points du globe. C’est assurément un avantage que nous avions sur les Allemands. Malgré leurs sous-marins, ils ne recevaient rien de l’Atlantique, encore moins des côtes de Bretagne. Sous ce rapport, on peut dire qu’ils avaient un bandeau sur les yeux. A l’aide des avertissements venus de tous côtés, le vent était traqué comme un fauve dans une forêt. Savoir où il va, c’est connaître la menace du danger. L’annonce du déplacement des orages jouait, on le comprend, un rôle important. L’orage voyage en quelque sorte comme en chemin de fer, avec des horaires à peu près certains. Si, par exemple, il passe sur Paris à quatre heures, il sera indubitablement, étant donnée sa direction, à sept heures, à Châlons-sur-Marne, et ainsi de suite. A ce propos, on eut un jour la preuve évidente que le service météorologique des Allemands était bien inférieur au nôtre : au moment de leur grande attaque du 15 juillet 1918, éclata un orage épouvantable qui, prévu par nous, fut ignoré de leur côté à ce point qu’ils permirent la sortie de leurs avions, dont deux s’abattirent dans nos lignes de la région de la Meuse.

En artillerie, le tir est inefficace, si l’on ne tient pas compte