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le son était étudié par une légion de savants, parmi lesquels, mis à part les spécialistes du Service géographique, il faut se borner à citer : MM. Nordmann, Esclangon, Driencourt, Ferrié, Georges Claude, Pierre Weiss, Cotton, professeur à la Sorbonne, Dufour, professeur au lycée Louis-le-Grand, l’abbé Rousselet, professeur au Collège de France, Émile Borel, sous-directeur de l’École normale, et au nombre de nos amis, imbus également de notre idéal, M. Bull, physicien anglais, attaché à l’institut Marey. Ce fut une fièvre d’activité dans les laboratoires et en plein air. Les uns demandaient au gouvernement de Paris qu’on tirât pour eux des coups de canon à blanc ; d’autres s’évertuaient à faire des essais ingénieux, tel M. Dufour qui, impatient de vérifier ses conceptions, observait, dans les dépendances de l’École normale, rue d’Ulm, les battements d’une grosse caisse.

Pendant que se poursuivaient ces divers travaux, la réalisation obtenue par M. Nordmann était utilisée sur le front. Elle donnait des résultats, sinon parfaits, du moins fort appréciables. Une première modification y fut apportée par la suppression des hommes écouteurs, dont l’ouïe peut être plus ou moins sensible, les mouvements plus ou moins vifs, facteurs importants lorsqu’il s’agit de fractions de secondes. Des microphones récepteurs et transmetteurs automatiques remplacèrent l’oreille humaine. A côté du système Nordmann modifié, on employa les dispositifs Dufour, Bull, et Cotton-Weiss comportant des variantes d’acoustique ou d’adjonction photographique. Donc quatre systèmes à peu près égaux dans leurs effets étaient exploités. Ils permirent de réduire au silence nombre de bouches à feu invisibles.

Cependant, on acquit bientôt la certitude que, parfois, des détonations accusées par le microphone ne se rapportaient, ne pouvaient se rapporter à rien. Quelque effort que l’on fit pour le contre-battre, le tir ennemi continuait régulier comme en pleine quiétude. Et pourtant, par la même méthode, on touchait le but en d’autres points. A quelle cause faire remonter ce mélange de vraies ou fausses indications ? La science s’attacha à l’analyse de ce phénomène déconcertant, dont elle fournit assez promptement l’explication. Elle démontra que, dans le cas d’un tir à projection rapide, supérieure à trois cent quarante mètres par seconde (vitesse du son), toujours l’obus court