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sités se déroulant en certains endroits sur neuf lignes et plus. Cette défense massive dépasse quelque peu les limites de la prudence. Elle témoigne, chez notre adversaire, plutôt une inquiétude jamais apaisée qu’une grande confiance dans sa marche en avant.

Les figures ci-contre A et B représentent dans leurs cadres le même espace de terrain :

(A) au 80000e, c’est-à-dire un centimètre et demi carré pour un kilomètre carré, sur la carte d’état-major, la seule carte de mobilisation que nous possédions en 1914 ;

(B) au 20 000e, c’est-à-dire vingt-cinq centimètres carrés pour un kilomètre carré, sur le plan directeur de guerre (ou nouvelle carte) qui, du jour de son apparition, fut d’un emploi constant, et donna, durant toute la campagne, satisfaction complète aux artilleurs, aux états-majors et aux autres armes.

Un simple coup d’œil suffit pour voir que, sous peine de créer l’indéchiffrable, on ne pouvait reporter en A toutes les indications données par le plan directeur (B) qui mérite à tous les égards le nom de vraie carte, de carte technique par excellence.

En outre, lorsque les défenses allemandes se multiplièrent davantage, on établit une carte seize fois plus grande encore que B. Cet agrandissement a permis de montrer, de la façon la plus claire, l’ensemble de l’organisation ennemie jusqu’en ses moindres détails : mitrailleuses, lance-mines, réseaux de fils de fer, chevaux de frise, lignes téléphoniques, chemins de fer à voie étroite, postes de commandement d’officiers de tous grades, abris, tranchées et boyaux de toute importance. On comprend de quelle valeur inestimable était, au moment d’une attaque d’infanterie, ce document grâce auquel notre plus jeune aspirant ou l’humble sergent en savait presque autant que le grand quartier général allemand.

Quelque diligence que l’on apportât à mettre en œuvre les matériaux recueillis de tous côtés : au cadastre, aux bureaux des compagnies de chemins de fer, aux services des forêts et des canaux, ce n’est que vers septembre 1915, au moment de notre offensive de Champagne, que commencèrent à être répandus sur le front des plans directeurs parfaits.

C’est que, malgré tout le zèle déployé, on avait rencontré des difficultés qu’on ne pouvait tourner. Le classement méthodique des éléments venus de part et d’autre, leur ajustement