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Les documents officiels mentionnent la date de 1744 pour la création, en France, du corps des ingénieurs-géographes militaires.

Reconstitués en un corps spécial, ils rendirent d’excellents services aux armées de la Révolution et du Directoire. Le personnel comprenait, en l’an IX, soixante officiers et en l’an XI, leur nombre était porté à cent un. Ils eurent à déployer dans leurs bureaux ou en campagne, le maximum d’activité que le premier Consul, aussitôt élu, imposa à toutes les branches de l’administration, aussi bien civile que militaire. Dès son entrée en fonctions, il fit procéder aux reconnaissances les plus urgentes sur les frontières de Briançon à Neuf-Brisach. Ensuite furent entrepris de grands travaux cartographiques.

Napoléon Ier attachait aux cartes géographiques une importance capitale. Il n’arrêtait aucun projet avant d’avoir étudié non seulement une carte, mais toutes les cartes, tous les plans, tous les documents écrits, trop souvent contradictoires, qu’on pouvait lui donner sur la région qu’il avait en vue. Les bonnes routes n’étaient alors pas nombreuses. Les cartes les indiquaient mal ou ne les indiquaient pas. Impossible de formuler des ordres sans recourir à des reconnaissances préalables, multipliées et poussées à de grandes distances. Ainsi voit-on en septembre 1806 le maréchal Berthier prescrire, au nom de l’Empereur, la mesure suivante : « Vous donnerez des instructions pour que des ingénieurs-géographes marchent toujours à l’avant-garde de chaque corps d’armée. Ils seront à cheval et figureront le pays à droite et à gauche. Ils m’adresseront journellement le croquis de leur travail que je vous remettrai pour être assemblé et mis au net. »

L’Empereur avait en quelque sorte la passion des cartes topographiques. Lorsqu’en 1796, il prit comme général le commandement de l’armée d’Italie, son premier soin fut de se constituer un bureau topographique personnel : ce bureau avait pour chef un officier de troupe, engagé volontaire de 1793, Bacler d’Albe, qu’on retrouve général à la fin de l’Empire. S’il aimait les cartes, il les voulait très lisibles, sur l’échelle de Cassini, laquelle était d’une netteté suffisante en ce temps de routes clairsemées, et dont la mesure subsistait encore d’ailleurs dans ce qui s’est appelé plus tard la carte d’état-major. Ce sont des transports de joie quand on lui soumet enfin