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toute sorte, et aussi de grandes vitrines où notre industrie de luxe expose ses produits, dont beaucoup sont en vente sur place. Mais les marchandises ne trouvent pas un nombre suffisant de cargos ; le pavillon français est donc très bien représenté dans l’Atlantique Sud, mais le nombre des courriers de passage et des cargos est encore insuffisant.

En ce qui concerne les communications avec les Républiques latines, il n’existe rien de semblable dans l’Atlantique Nord ; nos lignes des Antilles, qui pourraient trouver des voyageurs à partir de Panama et drainer ceux du Chili et du Pérou, sont très médiocrement desservies ; à la Martinique et à la Guadeloupe, on se plaint beaucoup des prix trop élevés du fret.

Certes l’effort que nos compagnies de navigation ont encore à faire est très grand, mais il faut les féliciter cependant du travail déjà accompli pour réparer les pertes en navires subies pendant la guerre et s’adapter presque journellement aux conditions nouvelles dues à la concurrence étrangère.

Dans les autres travaux d’utilité publique, les entreprises françaises ne tiennent pas le même rang que dans la construction des ports. Toutefois, quelques lignes ferrées ont été construites et sont exploitées par des Français en Argentine et au Brésil. Mais les chemins de fer sont en grande partie une œuvre britannique, et les capitaux anglais ont prêté un très important concours à la mise en valeur de l’Amérique latine, surtout en Argentine où ils ont afflué dès l’aurore de l’Indépendance. La grande guerre leur avait permis de supplanter le matériel allemand, mais cette concurrence redoutable reparaît dès maintenant, aidée par un fret très bon marché. Aucune puissance au monde n’a à sa disposition les sommes énormes que l’Allemagne distribue en subventions à sa marine marchande : 12 milliards de marks ont été votés par le Reichstag pour son relèvement après la guerre, et ce crédit, dont le versement a été échelonné sur plusieurs exercices, a été majoré en tenant compte de la baisse du mark, en sorte que les chantiers de construction travaillent à force dans tous les ports, aux frais de l’Etat allemand, qui en même temps quadruplexes chemins de fer stratégiques et complète son réseau de canaux en se livrant à des dépenses devant lesquelles le Gouvernement de Guillaume II avait reculé. Par ailleurs, la grande industrie