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Kadesh ; il se hâta de conclure avec Hattousil (qui sur les entrefaites venait de succéder à Moutallou), un traité d’alliance et admit une de ses filles dans son harem. Le traité qualifie Hattousil de grand roi, alors que la chancellerie égyptienne lui donnait auparavant les épithètes de vil et d’ignoble. Toute la bataille est reproduite sur les murs du Ramesseum à Luxor, du Memnonium à Abydos, et à Ipsamboul, tandis qu’un poème glorifie la valeur du pharaon. Ces bas-reliefs montrent Kadesh entourée d’eau. C’est pour cette raison qu’on avait d’abord pensé à la chercher dans la petite île du lac de Homs. Les fouilles n’y ont rien donné. Alors au Sud du lac de Homs, qu’on appelait jadis lac de Kadas, on est venu examiner ce Tell. Il est situé dans l’angle formé par l’Oronte et par un de ses affluents, qui alimente un moulin, appelé encore aujourd’hui « moulin de Kadas, » mais tout de même pour satisfaire à l’idée qu’en donnent les bas-reliefs égyptiens, il lui manquait d’avoir de l’eau sur son troisième côté. Eh bien ! les premières fouilles que M. Pezard y a entreprises viennent de dégager un canal qui, unissant les deux rivières, réalisait cette disposition.

— Je reconnais que ces recherches sont très amusantes, pleines d’ingéniosité, excitantes pour l’esprit, mais comment s’intéresser à fond aux Hittites ? Comment les relier à notre humanité ? Je ne me vois pas plus de parenté avec eux, dans leurs luttes contre les Egyptiens, qu’avec deux armées de fourmis.

—- Parce que nous manquons de lectures ! Mais nous avons déjà beaucoup de textes, que l’on commence à déchiffrer, grâce aux découvertes de Boghaz-Keui, et quand on saura vraiment les lire, ce sera inouï. Dans les cinquante années qui viennent, on va nous faire voir une civilisation hittite, très considérable, pas sémite, peut-être aryenne, tout un fond d’idées sur lequel a vécu primitivement le plateau central de l’Asie-Mineure.

— Je vous crois, mais en attendant, ce qui m’intéresse ici, c’est Emèse et surtout le temple d’Héliogabale. Où s’élevait-il ?

— Je ne me le suis jamais demandé, déclare le père Claude Chevrey.

Contenau n’en sait pas davantage.