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ie au fonctionnement des bureaux de poste, » il suffira d’avan eure de ceux-ci pour la décaler automatiquement.

reur profonde. Vous pensez changer par cet artifice les habi- . Ce qui règle la vie sociale des citadins, c’est l’heure que marque montre. Les gens qui ont l’habitude de se lever| à huit heures, déjeuner à midi, de dîner à sept heures, de se coucher à dix, c’est-à-dire quand leur montre marque ces heures-là, vous ne les ferez pas changer leurs habitudes sinon en changeant l’heure de leur re, l’heure légale, — ce que faisait précisément l’heure d’été.

Prenons un exemple : vous allez faire partir plus tôt les premiers us et métros, mais il n’y aura personne dedans, et bientôt les compagnies les supprimeront ; vous allez faire partir plus tôt les derniers autobus et métros, bientôt les gens à qui ils manqueront les réclameront, et les compagnies, dont c’est l’intérêt, les rétabliront.

On pourrait faire les mêmes prévisions, — car ne pas gouverner c’est quelquefois prévoir, — pour les bureaux de poste.

Ce ne sont pas les heures des bureaux administratifs ou les horaires des transports qui règlent la vie des cités, c’est au contraire celle-ci, ce sont les habitudes de l’ensemble des citoyens qui règlent et modèlent ces heures et ces horaires. Croire le contraire, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Pour que ces mesures proposées soient efficaces, il faudrait qu’elles agissent sur les mœurs. Or, on ne décrète pas contre les mœurs. Aucun potentat ne l’a réussi parmi ceux, très peu nombreux, qui l’ont essayé.

Bref, à moins de décréter la peine de mort contre ceux qui ne consentiront pas à changer l’heure, — l’heure qu’ils lisent sur leur montre, — à laquelle ils ont l’habitude de manger, de dormir, aller au théâtre, etc., les palliatifs qu’on propose ne serviraient qu’à créer des difficultés et des litiges sans nombre.

Le Conseil des ministres après avoir examiné les palliatifs que je viens de critiquer a d’ailleurs eu le bon esprit de rejeter ces mesures inefficaces, qui n’eussent été qu’une source de désordre et de confusion, et qui risquaient de compromettre, par leur propre et inévitable discrédit, celle de ces deux réformes utiles que le Parlement se décidera peut-être un jour à choisir : l’heure d’été pendant la belle saison ou l’heure de Strasbourg.


CHARLES NORDMANN.