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et climatiques (je me demande si Voltaire eût admis tous ces adjectifs-là ?) grâce à un décalage de l’heure et de faire bénéficier en même temps d’une heure avancée les agglomérations urbaines.

« On s’est trouvé d’accord,— je continue à citer,— pour reconnaître l’urgence de mettre en application la solution proposée, en modifiant les horaires des chemins de fer, auto-cars et autres moyens de transport en commun, les heures d’ouverture et de fermeture des bureaux de poste, et en général des administrations publiques et des heures de travail dans l’industrie et le commerce. » Je passe sur la proposition des hôteliers qui, faisant leur nuit du 4 août, se sont déclarés disposés à modifier l’heure des tables d’hôte, en consentant au besoin des réductions de prix aux clients non récalcitrants.

Pour moi,— je crois de mon devoir de le dire ici,— je me permets d’être extrêmement sceptique quant à l’efficacité de ces palliatifs et quant à l’exactitude même du principe sur lequel on les fonde. Car enfin, de deux choses l’une :

1° Ou bien ces mesures réparatrices seront efficaces et en ce cas vous donnez raison aux adversaires impénitents de l’heure d’été, qui, unanimement, ont toujours affirmé qu’il n’y avait pas besoin de changer l’heure légale et que des mesures du genre de celles-lâ suffiraient pour donner les mêmes avantages à l’État et aux cités ; en ce cas, on a eu bien tort de dépenser tant d’éloquence et de coups de pouce aux pendules depuis six ans ;

2° Ou bien, au contraire, ces mesures nouvelles seront inefficaces et même dangereuses et coûteuses, et il ne faut pas les adopter.

C’est, je le crains fort, cette deuxième hypothèse qui est la vraie.

Il est certain d’abord que les stations climatiques ou autres ne pourront pas, quoi qu’on en ait dit, avancer leurs horloges d’une heure ou même d’une demi-heure. En effet, d’une part, cela entraînerait des litiges, des erreurs, des accidents sans nombre dans les transports et déplacements ; ce serait retomber aux errements antérieurs, à l’adoption d’une heure nationale unique. En second lieu, et surtout, la loi l’interdit et exige l’emploi exclusif de l’heure légale. Si les pendules de vos stations marquent, comme elles le doivent, midi quand il sera légalement midi, vous aurez beau annoncer que la table d’hôte est à onze heures et demie, les gens, s’ils ont l’habitude de déjeuner à midi, viendront à midi ou protesteront ; et on ne tardera pas à refaire comme ils veulent.

Mais voici qui est beaucoup plus important : on dit que « la vie du pays étant intimement liée au trafic des moyens de transport