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1° Elle ne modifierait pas sensiblement les habitudes. Car enfin, il ne faut pas oublier qu’il y a quelques années, la France n’avait pas encore, — par une condescendance excessive et non payée de retour, — adopté le méridien initial de Greenwich. Notre heure légale, fondée sur le méridien de Paris, avançait de dix minutes (exactement 9 minutes 21 secondes) sur l’heure d’hiver actuelle. Adopter maintenant une heure constante en avance de 30 minutes sur celle de Greenwich devenue notre heure légale, ce ne sera avancer les pendules que de 20 minutes par rapport à l’heure du méridien de Paris, notre ancienne et glorieuse heure nationale.

2° Ce système conserverait à la France à peu près intacts les avantages internationaux du système des fuseaux horaires, car le demi-fuseau, d’une demi-heure, fait encore partie de ce système.

3° Enfin et surtout, cette mesure reviendrait à adopter pour heure nationale, l’heure moyenne de nos provinces recouvrées. Le méridien de la cathédrale de Strasbourg se trouve, en effet, à 31 minutes exactement à l’Est du méridien initial de Greenwich. L’heure proposée est donc l’heure moyenne réelle de l’Alsace-Lorraine, et le méridien correspondant passe dans la banlieue immédiate de Strasbourg.

Et puis ce compromis est séduisant parce qu’il remuera au cœur de tous les Français les sentiments qu’évoque toujours ce qui nous lie un peu plus aux provinces que la victoire nous a rendues. Au reste, faute de grives on mange des merles. Bref, l’heure de Strasbourg serait peut-être aujourd’hui notre heure nationale, si la hâte de nos seigneurs et maîtres à se donner des vacances n’avait laissé la chose en suspens. Mais ce qui est différé n’est pas perdu. En attendant, voici que vient de surgir un nouveau projet qui vaut que nous l’examinions attentivement.

Sur l’initiative et sous la présidence de M. Le Trocquer, ministre des Travaux publics, une réunion s’est tenue le 31 mars afin d’étudier « un ensemble de mesures qui, sans modification proprement dite de l’heure, permettront de faire bénéficier les habitants des villes importantes et des centres de tourisme de certains avantages de l’heure d’été. » Le sous-secrétaire d’État des Postes et Télégraphes ; les préfets de la Seine et de police ; les représentants des grands réseaux de chemins de fer, des stations thermales, des syndicats hôteliers assistaient à cette réunion.

Les membres de la Conférence, — nous dit le communiqué officiel, — ont pensé qu’il convenait d’assurer par la voie réglementaire, — celle des arrêtés ministériels, — la vie des stations thermales, touristiques