Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/937

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jura, Ain, Savoie, Haute-Savoie, Isère, Hautes-Alpes, Basses-Alpes, Var, Alpes-Maritimes, Corse). Elles n’ont, en raison de leur longitude, aucun motif de préférence entre l’heure ancienne et l’heure d’été ; par rapport à l’heure solaire, l’heure ancienne les met en avance d’environ une demi-heure, l’heure d’été les met en retard à peu près du même temps. L’écart change de sens, mais, à part une zone étroite, garde sensiblement la même amplitude.

Il est clair que si l’avance de l’heure est gênante, c’est beaucoup plus à l’Ouest de la France, où le soleil se lève plus tard, qu’à l’Est. Cela décale d’autant l’heure légale par rapport à l’heure vraie. Au contraire, dans l’Est, en Alsace par exemple, l’heure d’été est en moyenne plus voisine de l’heure solaire vraie que n’est l’heure d’hiver.

Or, parmi les 13 708 autres communes, ce ne sont pas celles des départements les plus occidentaux qui tiennent la première place, soit par leur nombre absolu, soit par leur proportion relativement au nombre des communes qui n’ont pas demandé de dérogations. A cet égard, certains cas sont typiques et semblent défier toute vraisemblance.

Enfin, les communes ayant sollicité des dérogations ne sont en majorité que dans 33 départements.

Bref, il résulte de cette statistique que les inconvénients ruraux de l’heure d’été ont ainsi passé inaperçus précisément dans les régions des territoires où ils auraient dû être les plus notables. Rien ne souligne mieux le caractère artificiel, factice, que certains députés ont imprimé à leur hostilité à l’égard de l’heure d’été. Le bon sens paysan ne s’y laissera pas prendre, et il y a gros à parier que lorsque viendra l’heure prochaine de la reddition des comptes, — et cette heure-là, nul ne pourra l’écarter, — il ne se contentera pas d’entendre les élus, faisant le bilan de leur activité et de leurs réformes, proclamer triomphalement : j’ai fait échouer l’heure d’été qui économise des milliards à l’Etat, mais que réclamaient messieurs les citadins.

Il faut d’ailleurs reconnaître qu’un grand nombre de députés ruraux, à la suite de M. Gast, ont reconnu loyalement l’absurdité de cette opposition, et sont maintenant partisans de la réforme.

Cependant, nous l’avons dit, la Chambre vient de se séparer sans en avoir délibéré. On me permettra de voir là un des meilleurs arguments qui ait été fournis en faveur de l’heure d’été, car il est évident que si, se sentant en majorité, les adversaires n’ont néanmoins pas voulu aborder la question, qu’il leur était facile de régler négativement,