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leur conscience patriotique qui les inspire que leur obéissance habituelle à tout ce que Berlin commande.


A quoi l’occupation de la Ruhr peut-elle aboutir au point de vue financier ? La question est souvent posée. Les pages qui précèdent y fournissent, croyons-nous, une réponse. Le Kohlensteuer, tel qu’il a été établi, peut être considéré, sans exagération, comme un impôt à grand rendement. Là, comme partout, le temps est nécessaire pour que cette taxe donne les résultats qu’on est en droit d’en espérer ; mais il n’y a pas à douter que ces résultats seront atteints. Les sanctions, qui ont été prévues, feront réfléchir les grands industriels allemands ; elles les aideront à comprendre que leurs intérêts immédiats leur commandent de se soumettre aux décisions prises par les Alliés. On a vu aussi comment ont été organisées les licences, comment fonctionne le système douanier, comment il a été complété par les impôts intérieurs sur le vin et sur le tabac. Les revenus de ces divers impôts, s’ajoutant à ceux du Kohlensteuer, paraissent loin d’être négligeables. On a constitué ainsi tout un système fiscal, auquel les esprits les plus critiques ne peuvent refuser un double mérite : celui d’une conception opportune et celui d’une réalisation dont on commence à sentir les effets.

Certes, personne n’ignore les obstacles auxquels se heurteront toujours les autorités d’occupation ; elles ont à faire à une population de plus de quatre millions d’habitants, que Berlin, même de loin, tient toujours sous sa dépendance. Dans ces conditions, le succès de notre action fiscale n’est pas seulement lié à la nature des taxes qui ont été choisies, et aux règles d’assiette et de perception ; il est subordonné avant tout à l’énergie et à la ténacité avec laquelle nous poursuivrons le recouvrement des impôts. Il n’y a pas de doute à avoir sur la conduite que les Alliés ont adoptée dès la première heure et à laquelle ils resteront fidèles ; on est donc en droit d’affirmer que les gages saisis par eux leur assureront des revenus certains. Ainsi se trouve pleinement justifiée une attitude que la mauvaise foi de l’Allemagne a rendue nécessaire.


ROBERT LACOUR-GAYET.