Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/929

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme une des mesures les plus efficaces pour contraindre l’Allemagne à exécuter les clauses du traité de paix, A l’heure actuelle, les industriels de la Ruhr s’efforcent de diminuer l’efficacité de notre action, en ralentissant l’activité de leurs usines et en conservant sur place leurs produits. Persister dans cette altitude, ce serait pour eux se condamner, dans un délai plus ou moins bref, à une sorte de suicide commercial. Il est peu probable qu’ils veuillent reconnaître ainsi la puissance de notre emprise. On peut croire, au contraire, qu’ils s’efforceront de maintenir aux échanges commerciaux leur intensité normale, Alors, la perception des droits de douane se développera avec rapidité. Dans les deux cas, la conduite des Allemands consacrera ainsi le succès de notre politique.


LES IMPÔTS INDIRECTS

Primitivement, les Alliés ne songeaient pas à percevoir d’autres taxes que celles dont il vient d’être question ; la mauvaise volonté allemande nous a amenés à étendre notre action fiscale. La chose peut paraître aisée, si l’on ignore que les Allemands ne paient que des impôts dérisoires. Le Reich a fait une grande publicité au sujet du relèvement de certains tarifs et de la création de taxes nouvelles ; en réalité, la situation n’a pas changé. La mollesse avec laquelle les recouvrements sont poursuivis et la multiplicité des délais de paiement ont pour effet de soustraire, d’une manière à peu près complète, les classes riches à la charge des impôts directs. Quant aux classes pauvres, elles bénéficient, en fait, d’une exemption totale, car les taux de la plupart des impôts indirects n’ont nullement suivi la dépréciation du mark. Rien ne serait plus facile que de multiplier à ce sujet les exemples. Ainsi 100 kilos de sel sont frappés en France d’un impôt de 10 francs ; l’impôt allemand correspondant est d’environ un demi-centime. Pour le sucre, on peut constater une différence de même grandeur : le tarif français est de 50 francs les 100 kilos, le tarif allemand est de 2 centimes.

Pour recouvrer, avec des résultats appréciables, les impôts indirects, il aurait été nécessaire d’en relever les tarifs de notre propre autorité. La mesure était délicate ; car la politique actuelle des Alliés ne consiste pas à substituer, dans le bassin de la Ruhr, leur souveraineté à celle du Reich. Pour le moment,