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Ce régime, qu’on appelle « l’entrepôt fictif » fournit au commerce des facilités exceptionnelles ; il est particulièrement développé en Allemagne, et a contribué à la prospérité du commerce extérieur du Reich. Il ne pouvait être question de le laisser subsister dans la Ruhr : son fonctionnement suppose, en effet, la présence de nombreux agents et un contrôle minutieux des livres des commerçants. Aussi, en principe, les Alliés ont-ils supprimé la faculté d’entreposer les marchandises dans un local non contrôlé ; ils ont décidé que les droits seraient acquittés, dès le passage de la frontière, sur toutes les marchandises étrangères, à moins d’être dirigées vers un entrepôt surveillé par la douane. Cette mesure, qui s’explique par une nécessité de fait, constitue, en outre, un excellent moyen de pression vis à vis des commerçants des territoires occupés. Comme tous les procédés de coercition, elle ne peut que hâter le moment où le mécontentement des habitants de la Ruhr aura une action efficace sur le Gouvernement de Berlin.

En même temps que les douanes opéraient des perceptions, elles procédaient à de nombreuses saisies de marchandises frauduleuses. En certains cas, l’administration alliée n’a fait que se substituer à l’administration allemande, qui avait déjà ordonné la confiscation ; dans d’autres circonstances, elle a saisi directement tous les produits qui étaient expédiés sans acquittement préalable des droits. La vente de ces marchandises est susceptible de procurer aux Alliés des recettes appréciables ; un mois après l’institution du nouveau régime douanier, la valeur des confiscations s’élevait déjà à plus d’une dizaine de millions de francs.

L’armée collabore avec la douane pour la répression de la fraude. En vue de faciliter le contrôle, on a classé toutes les routes se dirigeant de la Ruhr vers l’Allemagne non occupée en deux catégories, les routes « interdites » et les routes « légales. » Sur les premières, aucune circulation n’est autorisée et des postes uniquement militaires surveillent l’application de cette règle. Toutes les marchandises à destination de l’Allemagne doivent être expédiées par les autres routes ; des postes douaniers y sont installés, comme à une frontière ordinaire ; ils procèdent à la visite des convois et assurent la perception de l’impôt.

L’organisation générale du régime douanier, tel qu’il a été conçu et appliqué dans la Ruhr, peut être considéré, semble-t-il.