Page:Revue des Deux Mondes - 1923 - tome 14.djvu/927

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

organiser la ligne de surveillance autour de la Ruhr : telles sont les différentes étapes qu’on a dû ensuite parcourir. L’établissement du cordon douanier était particulièrement compliqué. Il importait, en effet, de ne laisser en dehors de notre contrôle aucun des centres importants du trafic ; aussi a-t-on été contraint, dès le milieu de février, d’occuper les ports d’Emmerich et de Wesel, situés sur la rive droite du Rhin, entre Dusseldorf et la frontière hollandaise. Cette extension de notre occupation était indispensable ; car les agents allemands, installés dans ces villes, émettaient la prétention de percevoir à notre place les droits institués sur la sortie des marchandises. Pour le même motif, le commandement, au mois de mars, a pris des dispositions analogues, dans la région d’Elberfeld, qui se trouve au Sud de la Ruhr et au Nord de la tête de pont de Cologne. L’installation de nos postes de douane a provoqué quelques protestations de la part de la presse anglaise, qui s’est plainte qu’en agissant ainsi nous isolions les troupes britanniques : reproche qui parait sans fondement. Il ne s’agit, en effet, que de mesures de contrôle, qui ont pour but d’empêcher les autorités allemandes de réclamer au commerce le paiement de droits déjà acquittés dans les caisses alliées.

L’action de la douane ne s’est pas bornée à opérer des perceptions à la périphérie de la zone occupée. Actuellement, en effet, le mouvement commercial y est assez restreint, du fait du blocus, et les échanges portent principalement sur les denrées alimentaires, exemptes de droits. On a donc été amené, partout où cela a été possible, à saisir les entrepôts qui contenaient des stocks importants de marchandises. La chose s’est faite notamment à Dusseldorf, Duisbourg et Ruhrort, où l’occupation militaire suffisamment forte permet le fonctionnement normal d’une administration civile. Une difficulté particulière s’est toutefois présentée à ce sujet. Dans la législation allemande, comme dans la législation française, on admet en entrepôt des marchandises étrangères qui n’acquittent pas les droits de douane au passage de la frontière, mais simplement au moment où elles sont livrées à la consommation intérieure. Certaines marchandises, ainsi importées provisoirement en franchise, peuvent être conservées par les commerçants dans des magasins qui leur appartiennent en propre ; elles ne sont soumises qu’à des recensements intermittents de la part du fisc.