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L’AMBASSADE EXTRAORDINAIRE DU
DUC DE MAYENNE
(1612)
LES FIANÇAILLES D’ANNE D’AUTRICHE

Ce duc de Mayenne de 1612 n’est pas le fameux Charles de Lorraine, le gros Mayenne, le Preneur de villes, le chef de la Ligue, le vaincu d’Arques et d’Ivry, réconcilié avec Henri IV, après avoir un moment convoité sa couronne, et devenu, selon l’exacte définition du dernier vers de la Henriade, « le meilleur sujet du plus juste des princes. » Il s’agit ici de son fils Henri de Lorraine, qui donnait l’espérance de devenir un capitaine remarquable, à qui une mort prématurée ne permit pas de remplir tout son mérite. Ce prince de trente-quatre ans, grand homme « fort bien fait, » dont le large front était couronné d’une abondante chevelure bouclée, et dont la longue figure était allongée encore par un long nez et une barbiche en pointe, avait paru d’abord sous le nom de marquis de Mayenne. Grand chambellan de France en 1596, duc d’Aiguillon en 1599, gouverneur de l’Ile-de-France en 1610, duc de Mayenne à la mort de son père en 1611, il fut nommé ambassadeur extraordinaire à Madrid en 1612, chargé de signer le contrat de mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche, fille aînée du roi d’Espagne Philippe III

Des fiançailles, des cavalcades dans des rues en fête, un contrat de mariage, des cérémonies pompeuses dans un palais d’Espagne, le sujet semble tenir surtout de la chronique mondaine.